vendredi 13 décembre 2013

D'Anna Politkovskaïa à la flamme Olympique

Vous n'avez peut-être pas lu "Douloureuse Russie" D'Anna Politkovskaïa mais vous devriez. Ca a été une découverte pour moi bien avant que j'imagine vivre à Moscou. Et un choc. Cette femme inspire le respect. Encore une. Beaucoup d'hommes n'ont pas son courage car pour mener son combat elle n'avait pas d'armes. En tous cas pas de celles qui crachent du feu et tuent. Ce qui n'était pas le cas de ceux dont elle s'inquiétait de la légitimité politique et des agissements et qui opéraient et opèrent encore en Tchétchénie avec la bénédiction du Kremlin (kremlin "кремль", c'est la forteresse en russe ; il y en a dans toutes les villes un peu anciennes et d'une certaine importance et c'est donc assez bien trouvé pour désigner le pouvoir politique russe). Son nom, Politkovskaïa, m'a toujours fait penser à politique d'ailleurs et je crois que je ne le lisais pas en entier. Après quelques mois de russe, ce nom n'est plus du tout un obstacle, c'est même un plaisir. 


Et sur le chemin du Lycée Français, en allant chercher Daphné (mais non elle n'est pas encore au lycée, vous pouvez pas comprendre), je tombe sur cette plaque commémorative pleine de fleurs, devant le siège de son journal que je ne savais pas être là. Re-choc. Il y a des Russes qui commémorent sa mémoire, qui laissent des fleurs et même qui photographient (je n'étais pas le seul) !? Respect. C'était très émouvant, dans cette rue minable, la plus défoncée que je connaisse, pourtant en plein centre (c'est notre raccourci pour l'école).
Troisième personnalité avec qui je trinque (si vous n'avez pas lu mes rencontres avec Soljenitsyne et Dostoïevski, relisez les articles précédents). Cette fois c'est deux verres. Et deux vodkas différentes. Une "Russian Standard" et une "Moskovskaïa". Les 2 sont russes, la première est meilleure à mon goût même si je préfère la bouteille de la seconde. C'était le septième anniversaire de son assassinat.
De flamme en flamme, de vodka en vodka, nous voici aux jeux Olympiques d'hiver de 2014 de Sotchi ("Сочи", en russe la lettre C se dit toujours "ce", jamais "que". Pour "que" il y a la lettre K !).
Les jeux les plus chers de l'histoire, et les plus chers aux yeux du Kremlin. L'histoire de la flamme est symptomatique. J'ai un peu suivi car on est allé la voir près de chez nous, sur la place Rouge. Un vrai délire. L'arrivée en avion déjà de cette lampe à pétole qui contient la vrai flamme olympique qui ne s'éteint jamais. Imaginez ! Mais qu'est que c'est que cette connerie ? Et maintenant des flammes olympiques il y en a dans toute la Russie ; on a pu la voir sur la place Rouge, dans l'espace (éteinte faute d'oxygène mais elle était toujours là), dans le lac Baïkal, sur un sommet de l'Oural. Le parcours le plus long de l'histoire puisqu'il doit atteindre les 65000 kilomètres. Un nombre invraisemblable de relayeurs, plongeurs, cosmonautes avec la même flamme qui a déjà été rallumée par un garde avec son briquet dès son premier tour d'honneur du Kremlin de Moscou. Mais c'est toujours la même flamme. C'est ça l'esprit olympique, comme l'esprit d'équipe, un esprit, une équipe ; alors on partage ! Merci Michel (Colluchi dit Coluche), à la tienne !
Ce dimanche sans pluie, jour d'arrivée de la flamme, nous partons en direction de la place Rouge. Il parait que c'est un événement cette flamme. Soit. Ah, elle est importante dis donc, il y a plein d'OMOH (les CRS locaux) ! Mais on ne passe pas mon petit monsieur, billet, pas billet, passeport, pas passeport, carte de journaliste, etc. Niet !. Quand on apprend que Poutine a prévu de venir alors on comprend qu'à 200 mètres de la place, on ne circule que sur invitation. Ces messieurs ont des listes de noms. Point barre. Attendez les enfants, papa il est rusé comme le lissa (le renard, "лиса"). Venez au Goum, on domine la place Rouge. On ne sera sûrement pas les seuls à y avoir pensé, mais bon. On monte, on aura une meilleure vue. Mais...
Ils ont fermés tous les magasins de tous les étages donnant sur la place, tendus des rideaux devant toutes les vitrines, et postés des gardes. J'imagine qu'ils sont armés. Mais ils sont complètement malades ! Je ne vois qu'une explication. Une tête nucléaire produit l'énergie de la flamme olympique et le président tient à protéger son peuple !
Quelques jours plus tard, j'ai pu approcher les gradins ayant reçu les figurants qui ont pû ou dû  assister à cette mascarade, cliquez sur la photo ci-dessous pour voir
Et les russes, qui n'ont pas leur sens d'observation dans leur poche, ont remarqué que ce symbole de la flamme 2014 n'était rien d'autre que la lettre "P" stylisée d'une célèbre vodka russe (le R de rouskaïa). Vous le saviez, ça ce confirme. Ici, ça picole sec !
Alors deux remarques. La première sur la police de caractère qui m'a permis d'écrire "olimpiïskiï ogone", flamme olympique : le L "л" n'est pas catholique, ni orthodoxe. Il est presque comme le "tch" : ч. Seule la boucle du début de la lettre permet de deviner qu'il s'agit d'un L. C'est une des difficulté de l'écriture manuscrite en russe, si vous essayez d'attacher les lettres et que vous avez le malheur d'ajouter un petit trait, vous changez parfois la lettre. Pas facile à lire, je confirme.
Seconde remarque : comme il n'y aura pas plus de monde proportionnellement au jeux de Sotchi -car très loin et très chers, avec toujours autant de difficultés pour les étrangers d'obtenir des visas- qu'aux championnats du monde d'athlétisme de Moscou d'août dernier, les fonctionnaires seront réquisitionnés pour remplir et faire bonne figure face aux caméras. Et comme Sotchi est au bord de la mer noire, il va falloir faire preuve de beaucoup de persuasion pour que la population de la région se convertisse aux sports de glace. Si on souhaite que ces installations soient réutilisées bien sûr. 
Un responsable (français) de pistes de ski témoignait qu'il devait recevoir 17 dameuses alors qu'il n'en avait besoin que de 5. Tout le monde n'a pas les mêmes intérêts dans ces JO à l'origine réservés aux sportifs amateurs. En passant, une petite pensée pour Pierre de Coubertin...

lundi 9 décembre 2013

Chaussures et souliers

Pour compléter mes dires, voici à gauche -sur la photo ci-dessous- la fameuse porte en bois qui donne accès à un magasin de chaussures, dans le sous-sol de l'ambassade de Biélorussie. Aucune fenêtre ni affiche pour attirer le chaland pourtant. Ce qui n'arrange rien dans vos recherches, c'est que dans votre petit livre de russe "Je parle russe, niveau 1" -je vous le recommande à la différence du russe pour les nuls (mais tu le sais déjà, fidèle lecteur)- la chaussure se dit туфля et aucun magasin ne vend de "touflia" ! Par contre nombreux vendent des обувь, "chaussures" (o-b-ou-v).  Quand on le sait, c'est vrai que l'on peut lire sur la porte "Obouv biélaroussi". Remarquez, quand on ne le sait pas aussi, je pense ; je n'ai pas essayé.
C'est vrai qu'ici les chaussures vernies, les escarpins et les pantoufles, ce n'est pas nécessaire. Pendant que j'y pense, j'enlève mes chaussettes, je meurs de chaud. Moins cinq degrés dehors mais 25 dans la maison, que voulez-vous ! Pas de robinet sur les radiateurs. Les chaussettes, j'y reviendrai, c'est une spécialité russe.
A Moscou, on voit beaucoup de chaussures fourrées, et ce n'est pas du luxe. Mais si, c'est cher ! Mais le luxe c'est plutôt l'image que l'on se fait de la "novaïa kollectsia" (image de droite sur la photo qui est en haut maintenant, faut suivre). Avant nous croyions que les échasses c'étaient pour l'escalier de Cannes qui a de grandes marches mais sur les trottoirs défoncés ça marche aussi ! La preuve en images si vous cliquez sur les chaussures posées sur le tabouret (si vous ne voyez pas le tabouret, je ne peux plus rien pour vous ou alors essayez en baissant un petit peu les yeux). 
Parenthèse sur les magasins de lunettes : il y en a très peu à Moscou alors qu'en région parisienne, il y en a en veux-tu en voilà. Plusieurs pharmacies par rue par contre et un certain nombre, comme les fleuristes, ouvertes 24 heures sur 24 ! Class, class comme le répète sans cesse le prof de saxo de Daphné. Pour fermer la parenthèse, il y a un rapport linguistique entre les pharmacies et les opticiens en russe : le premier s'affiche аптека "a-p-t-ié-k-a" tandis que le second annonce оптика "o-p-t-i-k-a" ; le "o" devenant "a" quand il n'est pas accentué, ce n'est pas le moment d'égarer ses binocles !
Sinon, pour revenir à nos moutons, il y a pléthore de chaussures fourrées (elle est bonne celle-là), c'est un régal (si vous venez les filles, n'oubliez pas la carte visa, le chéquier c'est pas bon ici). Des basses, des hautes, des bottes avec ou sans la fourrure qui dépasse sur le revers. Class, class ! Sur le marché de Yaroslav, j'avais équipé mes Clarks de semelle de mouton/feutre et ça me tient tellement chaud que je continue de les porter avec moins dix degrés sans grosses chaussettes. Quand il y a trop de pluie ou plus de 10 centimètres de neige, je rechausse mes rando en goretex. Nikel. La neige, c'est une blague, y'en a pas ! Dès que ça tombe, ils l'enlèvent ou ça fond car le thermomètre ne sais pas encore trop à quel saint se vouer. 
La petite histoire des photos de chaussures, car il y en a une, n'est pas du tout ce que l'on pourrait croire. Bien qu'un objectif de 50 mm demande une certaine proximité avec le sujet, je n'ai pas pris de coup de sac à main. Par contre, pour la photo de l'affiche, ça à failli finir au poste ! J'avais déjà commencé la série de photos de talons sans savoir ce que ça donnerait quand un matin après être passé à l'école à 8h, je suis parti à la recherche d'un nouveau centre commercial avec un grand supermarché. Peu après la porte d'entrée du fameux centre Gagarine, un beau magasin de chaussures avec cette affiche. Personne à l'intérieur, je ne risque pas de gêner. Evidemment il était moins de 9h et même si l'on travaille tard à Moscou (rien ne ferme à 18h, si ce n'est pas 24h/24, ça ferme à 19, 20, 21, 22 ou 23h), les centres commerciaux ne s'éveillent vraiment qu'à 10h. Donc je sors mon appareil photo. Evidemment, ce n'est pas le bon objectif. Je change. Je shoote. Je règle la vitesse. Reshoote. Je ne suis pas réveillé ou quoi ? Ca déclenche avec du retard !? Je laisse passer un flot d'employé. Et là c'est un policier qui débarque et qui commence, à mon attention, un discours autoritaire. Je ne vais pas le résumer, je n'ai rien compris sinon qu'il valait mieux que je me tire. J'ai l'impression qu'il attendait quelque chose comme des papiers mais je suis bien trop mauvais pour l'avoir compris donc j'ai joué au touriste. Photo photo, clic clic. Et c'est sur un banc, quelques minutes plus tard que j'ai découvert une option activée sur mon boitier que je n'avais jamais utilisée et qui avait dû glisser sous un doigt, pour déclencher avec 2 secondes de retard ! Et toutes les photos étaient floues comme de bien entendu ! Mais j'ai vu par la suite que cette affiche était en vitrine de nombreux autres magasins. Et alors, j'ai fait mes réglages sur des cibles plus touristiques avant d'immortaliser la nouvelle vitrine victime de mes caprices, sans flash pourtant. Depuis, j'évite les photos dans les centres commerciaux qui sont surveillés aussi étroitement que les entrées de métro.
Pour les chaussettes, je vous l'avais promis, c'est plus gai et assez typique de la Russie. Ici, dès l'entrée de l'appartement (très peu de maison en ville évidemment) on se déchausse. Tout le monde. Partout. On a donc franchit le pas nous aussi ; nous le faisions déjà en France mais pas aussi rigoureusement, c'est le moins que l'on puisse dire. Les premières chaussettes que l'on a vu ont été celles du propriétaire, après celle de l'assistante de M., puis de l'opérateur de téléphonie Andréï (très répandu comme prénom), puis du médecin, du prof de piano etc. Je ne cite pas toutes les chaussettes dans les soirées, on n'en sortirait pas. Avant que le thermomètre ne bascule dans le négatif, et même les jours de pluie, on voyait, dehors, sur les échafaudages (branlant cela va sans dire) des ouvriers en sandales plastique ouvertes ; ou des livreurs avec le même type de tong. Non, ils n'étaient pas partis de chez eux trop vites, ils avaient opté pour le plus rapide quand on franchit le seuil d'un domicile ! J'ai même vu un déménageur avec ce type de "chaussure" idéale pour se tordre le pied quand on porte des cartons dans un escalier. Voilà pour la face cachée des chaussures, sympathique aussi je trouve. Mais j'ai encore laissé passé l'heure,
Cпокойной ночи.




mercredi 27 novembre 2013

Les fleurs

Les magasins les plus répandus sont les magasins de chaussures (j'y reviendrai), les pharmacies, les bars, les banques et les fleuristes. Ts-v-ié-t-i : tsviéti ! Les Russes adorent offrir des fleurs et ce n'est pas rare de voir circuler sur les trottoirs ou dans le métro des gens avec un bouquet. Par contre, pas de caddies ni de sac pour les courses ; à croire qu'il font tous leurs achats en voiture. Je suis un extra-terrestre avec mon caddie. Je l'ai emporté même si je n'ai pas le vélo derrière lequel l'attacher. Là où j'ai souffert le plus, c'est pour remonter des magasins en sous-sols et pour finir, grimper nos deux étages sans ascenseur. Les vélos ici n'ont pas le beau rôle. Il y en a très très peu et il n'y a pas de voies réservées. L'installation de vélos en libre-service gratuit pour les moscovites n'a rien changé.


Cette faculté d'offrir un peu de nature et de couleur dans la capitale -je suis revenu aux fleurs-, est très sympathique. D'ailleurs les Russes n'ont rien d'antipathique, bien au contraire. Et je me dois de corriger ce portrait négatif que l'on m'a peint trop souvent. Ils ne sont pas agressifs dans les transports, ne vous bousculent pas, ne vous jettent pas la porte dans la figure. Au contraire, ils vous la retiennent et cela au moins aussi souvent qu'à Paris (de plus les portes d'entrée et de sortie des métros sont extrêmement lourdes). Le Russe est très discipliné. L'entrée, c'est l'entrée (en vert), la sortie, c'est la sortie (en rouge). Sur les escalators, on se met systématiquement à droite pour laisser les fous passer à gauche. Les fous car c'est épuisant de monter les hautes marches des escalators pour parcourir les 70 mètres de dénivelé entre le fond et la surface. J'ai testé pour vous, ça donne des palpitations quand on arrive au bout. Et on ne s'arrête pas en route s'il n'y a pas de place pour se rabattre sur la droite, on grimpe ! Parfois seulement, le contrôleur se trouvant dans sa guitoune au bas de chaque escalator, avec ses écrans de surveillance comme complément d'information, autorise l'utilisation à tous de la partie gauche de l'escalator pour décongestionner le bouchon de voyageurs. C'est étonnant de voir ces queues en bas des escalators alors que la moitié de l'escalier roulant qui monte est vide.
Je n'ai jamais vu non plus personne agresser ou avoir un mot violent comme cela ce voit très fréquemment dans la région francilienne. Jamais de bandes louches qui vous font serrer votre sac à main ou votre ordinateur (moi je n'ai plus d'ordi portable alors je suis tranquille). Au contraire, beaucoup utilisent ostensiblement et avec un grand naturel, des tablettes tactiles sans avoir le moindre doute sur l'absence de vol à l'arraché. Ça fait rêver, moi qui ai tant soupé du métro et du RER parisien avant de chevaucher mon cher MP3 Piaggio. Il n'y a pas de vélo ni aucun autre 2 roues d'ailleurs dans les roues de Moscou (pour rétablir la vérité, j'ai dû voir un scooter, un MP3, 2 motos, un roller et un skateboard).
S'il y a beaucoup de tablettes tactiles dans le métro, les cafés, que les accès se font sans identification même dans les aéroports, c'est que l'accès internet est gratuit, ça ne ce conçoit pas autrement. Je parle de Moscou pour l'instant, je ne suis pas encore allé à Vladivostok.
Hallucinant également : aucune fraude à l'entrée du métro. Ici les barrières sont ouvertes mais se referment violemment sur vos jambes si vous omettez de présenter votre badge à la machine (c'est Daphné qui a testé car on peut utiliser le même ticket pour plusieurs personnes mais il faut attendre 2 secondes entre chaque passage). Je n'ai jamais vu un autre cas de barrière se refermant. Pas besoin ici de faire glisser votre ticket dans un interstice réservé à cet usage. En courant ou en sautant on pourrait facilement contourner cette douane. Mais... il y a le douanier ! A chaque entrée, au même niveau que ces barrières ouvertes, il y a une guitoune en verre (la même qu'en bas des escalators) avec un autre gardien. Et il n'est jamais seul, il y a toujours 2 ou 3 policiers ou agents de sécurité qui trainent dans le même secteur. Donc à Moscou, il n'y a jamais de contrôle de billet car personne ne fraude. On jette son ticket dans la poubelle dès que l'on a passé la barrière s'il n'est plus valable (mais ils peuvent être réutilisés jusqu'à 60 fois si l'on a mis le prix !). Vous voyez la mentalité, on est loin de la France ! Si ça peut rassurer ceux qui croyaient que l'on s'était jeté dans la gueule du loup... Il y a toujours beaucoup de loup en Russie, c'est vrai ; et d'ours aussi mais pas à Moscou. Il y a quarante ans, on pouvait apercevoir des loups à la lisière de la ville.
On m'avait dit aussi, ou j'avais lu, que je me devais de tenir la porte aux dames afin d'honorer la galanterie française. Mais ils font bien plus que cela, les russes dans le métro ! Bien souvent ils se lèvent pour laisser leur place assise aux femmes alors que chez nous on se contente de tant de bonté dans des cas spéciaux très limités (personne âgée, handicapé, femme enceinte). Et mes flatteries ne sont pas terminées ! Le plus stupéfiant, c'est la propreté du métro, de ses couloirs et des rues. D'accord il y a beaucoup de main d’œuvre partout mais je n'ai jamais vu une cannette au sol ou un paquet de cigarette. Et jamais d'odeurs nauséabondes dans le métro. Chapeau !
"Tu verras, ils crachent partout, c'est dégoûtant !". Je ne sais pas où ils ont vu ça mais à part des cas isolés, que l'on ne peut éviter quels que soient la culture, le civisme et la discipline inculqués, c'est inexact ! S'il n'y avait les voitures qui vrombissent, les murs délabrés et les rues défoncées, ça pourrait faire penser à la Suisse en beaucoup plus grand et plus vivant (tout de même) et sans les montagnes. Il y a même les fleurs !
Mais je ne vous parle pas de politique, je vous parle de quotidien ! Vous en faites, vous, de la politique ?

lundi 18 novembre 2013

Magasins

On prononce magazine mais il s'agit bien des magasins "магазин". D'ailleurs en Russie le magazine, c'est journal "журнал" et le journal se dit gazeta, "газета".
Le magasin a ici une forme qui peut être très spéciale. Il peut être en sous-sol, il peut être à l'étage (d'un immeuble, pas dans un centre commercial) et quand il a une vitrine, celle-ci ne montre pas toujours les produits que l'on peut trouver à l'intérieur. Les ouvertures sont à l'origine, non pas en double vitrage mais en double fenêtre avec 20 centimètre entre chaque ; tout est fait pour l'isolation et non pour la présentation vers l'extérieur. On peut voir par exemple d'immenses affiches sur une vitrine représentant vaguement des produits alimentaires et il y a fort à parier que la petite porte, qui est trois mètres avant, donne accès à un supermarché. Mais tant qu'on n'a pas poussé la porte, on n'est sûr de rien.
Le bouquet, ce sont les grandes librairies : de grandes vitrines avec des tentures vieillottes ne laissant rien voir de l'intérieur et devant, visible coté rue, non pas des piles de livres mais des décorations bidons qui ne font ni envie ni penser à des produits culturels.
L'enfer quand nous sommes allés avec Daphné à la pêche dans tout Moscou pour dénicher les librairies dites françaises car elles vendaient des feuilles grands carreaux, ce n'est pas le trajet en métro, c'est de trouver le magasin. Nous n'avons jamais trouvé de feuilles grands carreaux ni la plupart des adresses alors qu'on trouvait toujours la rue, c'est fort !
Il faut dire que la numération des maisons est particulière. Ici on numérote un bâtiment et non pas une porte. Un bâtiment de 50 mètres de long avec plusieurs portes sur plusieurs rues va avoir un seul numéro. Nous avons vu une fois, l'une en face de l'autre, dans ce que nous appellerions nous autres une même rue -une chaussée avec un trottoir de part et d'autre-, deux plaques avec un nom de rue différent. La rue était trop large pour que je photographie la scène.
Encore dernièrement, quand je me suis rendu à "Леруа Мерлен" (Lieroua Mierline) : j'ai  trouvé rapidement la rue d'un coté du métro, un immense bâtiment en pierres portant le numéro 12 -de mémoire-, plusieurs portes sans vitrine avec des enseignes -on ne sait pas si ce sont des bureaux ou des magasins- et au bout de ce bâtiment, un léger virage mais aucun autre bâtiment portant le même nom de rue. Évidemment j'étais au delà de ma carte. Retour au métro mais de l'autre coté, c'est un énorme boulevard, perpendiculaire. J'emprunte donc le passage souterrain (il y en a partout, ils sont propres, pleins de boutiques et sûrs car en haut, les voitures sont les reines de l'asphaltes et on ne joue pas avec elles, j'y reviendrai une autre fois).
Et miracle, dans l'alignement de la rue que j'avais empruntée, un boulevard d'une tout autre dimension mais portant le même nom ! J'étais près à abandonner après plus d'une demi-heure de marche et je trouve enfin le 2ème numéro de la même rue ! Et encore une demi-heure pour l'entrée piéton se trouvant évidemment à l’opposé d'une série de bâtiments. Mais ça, c'est comme partout, les grands centre commerciaux, quand on ne les fréquente pas régulièrement, on y perd beaucoup de temps. Et j'ai trouvé la mèche spéciale céramique pour poser l'armoire de toilette sans risquer de fendre les beaux et grands carreaux de la salle de bain. Et pendant que j'y étais, j'ai acheté un onduleur car nous avons régulièrement des coupures d'électricités (j'y reviendrai aussi une autre fois) et j'ai peur pour nos disques durs professionnels comme personnels. Je ne travaille pas mais je fais de l'assistance et du conseil informatique bénévole.
Mais je m'égare -c'est à cause du plan de circulation russe- car le sujet est le magasin et ce n'est pas terminé. Car il y a des exceptions et vous le voyez bien sur la photo ci-dessus -et vous le verrez encore mieux sur les photos plein format (dans l'album Séjour en Russie dont vous avez bien entendu enregistré le lien) car il y a partout des mini boutiques spécialisées. Ici, les fruits, les cigarettes, le pain, les collants mais ça peut-être les journaux. Tout ça dans l'esprit kiosque qui est en France l'apanage de la presse. Et on en trouve sur le bord des grandes artères et dans la plupart des grands souterrains sous les boulevards ou aux abords des métros. Ça fait un petit réseau sous-terrain pas désagréable en cas d'intempérie et plutôt bon marché ; surtout si on le compare au luxe de certaines boutiques du centre-ville qui annoncent de grandes marques occidentales et osent aussi parfois des vitrines à l'occidental. Je considère que je suis en orient bien qu'à l'ouest de l'Oural, vous ne m'en voulez pas ?
Et comme il n'est pas toujours facile de comprendre quels sont les boutiques et les  restaurants qui nous entourent, on utilise le guide de Moscou Accueil, une association qui donne plein de tuyaux aux français débarquant dans la capitale. Ça m'a permis de trouver un magasin de chaussure, sans aucune vitrine, sans affiche, en sous-sol d'une ambassade.
C'est fou non ? Et c'est pour la prochaine fois...

lundi 11 novembre 2013

Médvièd

De retour de Yaroslav, nous avons repris le chemin de l'école. Le plus agréable a été, non pas tant de voir la pluie sur la Volga -car quand on était au bord de l'eau, il ne pleuvait plus ou pas encore- mais de ne plus avoir à faire les courses, la cuisine, la vaisselle enfin vous connaissez. Donc c'était des vacances. Nous avons même profité d'une guide francophone quelques heures qui nous a permis de vivre l'histoire de cette ville importante pour la Russie. Pour les photos, il va falloir patienter un peu encore, je ne vais pas m'étendre sur le nouvel incident de carte mère rencontré. Quoi, vous voulez des détails ? 
En quelques mots -comme vous insistez- j'avais acheté de la mémoire en France pour le компьютер (vous connaissez maintenant) de Garance et pour le mien mais sur ce dernier ça a entraîné des arrêts inopinés systématiques. J'ai utilisé mes outils de geek pour analyser la mémoire ; le 4ème test, il n'a pas aimé ; plus aucun bip au démarrage, silence radio. Yaroslav, terminus, tout le monde descend. Oui c'était bien mon PC récupéré dans le déménagement. Pour le portable, j'attends toujours le sauveur qui dégotera un 2,5 pouces IDE (aujourd'hui on ne trouve plus que du SATA). Mais j'ai pris rendez-vous avec le père-noël, sait-on jamais.
Le blason de Yaroslav c'est un ours sur ses pattes de derrière tenant une hallebarde. L'ours est un symbole fort en Russie, il me parait donc incontournable de connaître ce mot. Et c'est le mot du jour : медведь ou Médvièd pour ceux qui ont encore du mal avec l'alphabet de Cyrille. Cela signifie celui qui mange le miel, vous vous souvenez мёд ? Moi ça me fait penser au premier ministre russe Medvedev, pourtant pas de nature agressive, plutôt genre Michka (ours en peluche) s'il n'y avait toujours son président dans l'ombre (vous pouvez voir que le D n'est pas toujours д, il peut être aussi д ou même plus généralement g dans sa forme minuscule ; le д n'est pas enseigné, c'est une vieille forme qui persiste mais qui est plus parlante pour nous autres francophones car très proche du d) :

Sinon notre vie récente a été marquée par une tragédie, je ne peux le taire même si tous les médias en ont parlé. Muriel et elle étaient proches, plus de vingt ans de travail côte à côte en particulier sur l'Afrique. Elle c'est Dupont avec un T. Ghislaine. Elle avait rapporté un souvenir aux enfants de la corne de l'Afrique. Muriel a fait un saut de 48h à Paris pour la cérémonie, ça a été essentiel pour partager le drame avec tous ses collègues car c'était insoutenable à vivre seule ici. Une grande professionnelle avec beaucoup d'humour, très sympathique. D'autant plus terrible pour nous que nous avons des liens particuliers avec la région du drame. Drame pour les africains francophones aussi qui ont une relation très forte à RFI, relation que l'on ne soupçonne pas quand on ne les pas entendu parler de cette radio. Pour ceux qui ne connaissent ni cette grande radio ni cette grande journaliste, mieux vaut trop tard que jamais :  
http://www.rfi.fr/

mercredi 23 octobre 2013

Bibliotéka

Vous n'avez pas oublié j'espère l'article Biblio-graphie (bibliographia) car là on s'en rapproche graphiquement et phonétiquement avec la bibliotéka (БИБЛИОТЕКА) du parc Tchistié Proudi, à quelques pas de notre maison russe. 
Une pensée émue pour notre bibliothécaire préférée de Malakoff. 
Il s'agit ici simplement d'une boîte accrochée à un arbre le long d'un chemin ombragé qui traverse ce petit parc tout en longueur. Et ce matin là, à 07h30, la bibliothèque était bien garnie. Ça tourne pas mal, ça fait plaisir. Plaisir aussi simple que de voir un oiseau rentrer dans son nid. On y apportera notre pierre quand on aura récupéré les nôtres, dans le déménagement.
Nous avons quand même réussi à faire une sortie culturelle avec les enfants. La première a été pour le grand musée de peintres russes, la galerie Trétiakov. Et là dans cette foule, assez réduite il faut le dire à cette saison et essentiellement constituée de russophones (ça fait plaisir -décidément- de voir un peuple s'intéresser à sa propre culture), j'ai rencontré mon ami perdu de vue depuis une vingtaine d'années au moins, le grand Fiodor Mikhaïlovitch !
Ce fut une vrai émotion, assez proche de celle ressentie avec Alexandre Issaïevitch (voir l'article "Petit dej et Malako" si vous avez la mémoire qui flanche) mais plus profonde car nous nous connaissons mieux. Ce fut donc la troisième vodka.
La deuxième, je ne vous en ai pas parlé, c'est vrai. Mais le caviar était si peu cher à Achan (oui, c'est Auchan !) et la vodka si bien présentée dans cette petite boutique juste derrière que j'ai craqué quand Daphné a voulu entrer pour y acheter une... sucette.
Merci Audrey, pour ce conseil de lecture, Le Maître et Marguerite, j'adore !
Cпокойной ночи (Spakoïnaï notchi ça veut dire bonne nuit, j'ai encore eu la question, pfff...)

Gégé chez les Soviets et dans la banque cette fois !

Toujours sans ordi (mais comment fait-il alors ?), toujours sans déménagement, les températures sont malgré tout devenues négatives le matin. Bien qu'une tendinite au tibia restreigne mes déplacements (marcher toute la journée dans Moscou sans préparation particulière n'est pas sans risque et j'ai bêtement délaissé la piscine faute de temps, les journées passant plus vite à l'Est comme tout le monde le sait), nous allons refaire un passage au centre commercial pour ajouter une pelure aux oignons (si vous ne connaissez pas l'expression, voir : s'habiller en pelures d'oignon).

Mais j'ai des nouvelles des Français en Russie : Après DSK au conseil de surveillance de la Banque russe de développement des régions depuis l'été, maintenant Gérard fricote avec la banque des Soviets (БАНК=B-A-N-K et COBET=S-O-V-IET), sans compter qu'à la Poste russe j'ai vu, pas plus tard qu'hier, un gros livre de cuisine du même Depardieu.  

La bonne nouvelle, dans notre appart exposé à quelques turbulences sonores (voir articles précédents), c'est que le tramway ne circule plus depuis le 17 septembre ! Et oui, tout Moscou est en travaux depuis notre arrivée (et certainement avant aussi) et ils ont décidé de changer les rails, le type de rails et les tram les empruntant.

J'ai suivi les travaux par la fenêtre de jour comme de nuit et c'est terminé pour nous depuis le 14 octobre sans que la circulation des trains ait repris car toute la ligne n'est pas encore entièrement  équipée des nouveaux rails :
J'ai une autre bonne nouvelle : c'est les vacances ! Oui d'accord je ne travaille pas mais c'est quand même les vacances ! Les filles sont très déçues de ne pas être rentrées à Malakoff mais on va faire une petite escapade hors de Moscou cette fin de semaine.
Et notre déménagement est annoncé. Ce devrait être, restons zen, mardi prochain. J'ai presque fini de monter nos meubles IKEA, DA !
пока! (prononcer paka pour "salut !")




vendredi 11 octobre 2013

Computer

Computer, c'est aussi du russe (компьютер = kom-p-iou-te-r = ordinateur pour les non anglophones) ! Et mon portable est HS. Nous attendons toujours notre déménagement avec 2 autres computers inside. Patientez pour lire la suite des évènements...


vendredi 27 septembre 2013

Petit dej et Malako

Bon ça fait déjà une virée qu'y'en a pas donné de nouvelles. Je ne vais pas dire une paye, je n'en ai plus. Pas contre les dépenses, ça, ça y va ! Aujourd'hui le médecin a reçu 8000 roubles. Faut dire que tout le monde s'est couché sans manger sauf moi, ça sentait la gastro hier soir, avec tremblements et fièvre. Coup de froid, virus ?
Heureusement que je suis sorti de ma bronchite pour assurer le lever à 6h30 et prendre le métro avec Daphné (après une semaine au chaud avec fièvre tout de même). Ce matin elle voulait être malade pour rester couchée comme ses sœurs et comme sa maman, ce soir elle regrettait ces paroles et aurait préféré ne plus trembler.
Le célèbre chauffage municipal moscovite a démarré, célèbre car il chauffe tellement qu'il faut ouvrir les fenêtres pour refroidir les logements. Mais pas de chance, chez nous, il est tombé en panne dès le deuxième jour, pendant 2 jours. Il vient de reprendre ce soir même.
Pas très exotiques les nouvelles, les mêmes virus ici que dans le terroir franchais. Sauf que nous, il a gelé la nuit dernière, que le matin on a 4 degrés et que nous n'apercevons pas le bout du moindre camion chargé de convoyer nos pull-overs, nos écharpes et nos manteaux. Douze degrés à la fin septembre qu'ils disaient à la météo !
Mais coté pluviométrie, on a battu tous les records depuis que l'on fait des relevés.
L'administration, la bureaucratie, on l'appelle comme on voudra, est ici véritablement kafkaïenne ! Si vous suivez les photos, vous voyez -d'abord- que je ne fais pas rien, je pense à vous, mais vous voyez aussi que j'ai rencontré Soljenitsyne. A l'improviste, un matin de bonne heure, après avoir déposé Daphné à l'école, on s'est croisé dans un monastère. Ca fou un coup, j'vous dis, juste tous les deux ! On s'est bu une chtite vodka...
Mais là c'est Kafka, ce n'est pas la même ! Je ne vais pas me plaindre, je le préfère à Poutine.

Ca a commencé en France quand nous avons eu besoin pour notre visa de courte durée, d'une invitation du Ministère des Affaires Etrangères. Si vous n'êtes pas invité, pas de visa. Mais si vous connaissez certaines agences spécialisées, vous payez et vous avez une invitation de complaisance. L'Administration russe est contente, il y a quelque chose dans la case invitation. N'importe qui peu rentrer ? Ça, ce n'est pas le problème de l'Administration.
Alors une fois en Russie, il nous fallait transformer ce visa de courte durée en visa de longue durée (une année seulement, imaginez !). Mais pour cela il fallait déjà une accréditation pour la journaliste de la famille, auprès du MID (le ministère évoqué plus haut). Quelques jours pour l'accréditation, quelques jours pour le visa longue durée. Après seulement, nous pouvons demander l'enregistrement auprès de l'administration, avec l'assistance du propriétaire pour valider que nous avons une adresse à Moscou et que nous y résidons. Da ! Sauf que nous avions 10 jours pour le faire et qu'ils sont tous tellement efficaces que nous étions maintenant à 12 jours !
Et alors évidemment, dans une administration, la durée d'obtention d'un quelconque document par un autre service n'est jamais une excuse. Nous seuls sommes responsables. Et nous sommes donc en situation irrégulière... Et la dame appelle le chef qui finit par nous renvoyer vers le service d'immigration. Le représentant de notre propriétaire, qui -lui- est en France, était dans ces petits souliers. Moi je n'y étais pas, c'est la radio qui gère ça avec une personne qui connait pourtant toutes ces tracasseries.
C'est alors que Rita a eu un éclair et est retournée voir la personne qui s'occupe des invités du MID et qui avait traité notre dossier (c'est hors procédure, on n'avait pas le droit de repasser par la case départ). Et là, elle n'a pas rencontré un service administratif mais un être humain qui lui a fait le papier rapidos, sans rien demander en échange ! Ça aussi c'est l'Administration : la loi de l'arbitraire. Car ce que je n'ai pas dit, c'est que ce système kafkaïen n'est fait que pour vous soutirer des milliers de roubles à chaque étape. Le système vit en autarcie, il faut des taxes pour que la bête puisse continuer de manger et de grossir.
Donc c'est fini ? Ah, non ! Le but était de faire rédiger un acte de procuration, notarié, pour que le déménageur puisse faire son travail de déménageur et nous apporter nos affaires. Donc on va voir le notaire. Mais, vous n'avez pas fait traduire vos passeports ? Au revoir.
Une fois les passeports traduits (le visa collé dans les passeports est pourtant en russe), le sois-disant notaire ne peut rédiger l'acte si nous n'avons pas un traducteur ! Non pas un russe ou un russophone mais un traducteur assermenté. Vous voyez que la bête fait vivre du monde même en dehors de son antre.
Au final on a notre papier, une jolie feuille A4 aux bords dorés. Sinon, nous avons passé notre temps à faire des photocopies, à chaque étape, des passeports, des visas, des petits papiers de 5x10 cm donnés par la douane -surtout ne pas les perdre-, puis des enregistrements, puis des Kartochka. A quoi servent tous ces documents ? A rien pourquoi ?
Et alors le déménageur français nous dit qu'il a tous les documents. Non, c'est fini le cauchemar ? Le lendemain, le déménageur russe nous dit qu'il lui faut l'acte notarié original. Mais on ne va pas leur donner quand même ? S'ils le perdent ? Je vais y aller. Où c'est ? Oh la la. Au bout du métro, une heure de marche, de quoi se perdre pour de vrai (en plus avec ma fièvre...). Alors nous faisons appel à un coursier. Quelques heures plus tard, ou le lendemain je ne sais plus, un appel sur la ligne fixe, un homme commence à hausser le ton, Muriel lui raccroche au nez après lui avoir expliqué sans succès qu'elle ne comprenait pas ses propos. Lisa nous sauve en rappelant le coursier dont elle avait le numéro : ce n'était pas lui, notre document est bien arrivé !
Depuis, vous croyez que quelqu'un aurais pris la peine de nous dire que les taxes ont été payées, que les camions sont partis, qu'ils doivent arriver tel jour ? Ca existe pour de simples  enveloppes, le suivi en ligne mais pour un déménagement international qui coûte une fortune non ?
Vous savez tout. Rien n'a bougé pourtant nous n'arrêtons pas. Devenir fou, je ne sais pas, je ne me sens pas prêt mais toujours est-il qu'on a tous été, ou qu'on est encore, malades !

Ce n'est pas pour cela que nous pensons à Malakoff tous les matins mais parce que le lait ça ce dit Malako ! Et la pomme Yablaka, ça va bien ensemble, surtout en jus au petit dej.
Et le pain et le miel, j'adore leur sonorité plus dure : Rhlieb et Miod.



samedi 14 septembre 2013

L'école

En russe, quand on a fait de l'allemand ou de l'anglais, on n'est pas déboussolé par le terme employé pour dire école ; c'est chkola ! Et quand on est français à l'école française, quand bien même il s'agit de l'école de Moscou, on n'est pas déboussolé non plus par la rentrée scolaire. Même pas peur !
L'école de Daphné a une vrai cour de récré !
La raison principale de cette rentrée 2013-2014 finalement très facile est la similitude entre les enfants français d'ici et ceux de Malakoff. A tel point qu'Iris et Daphné ont l'impression d'avoir déjà vu plusieurs élèves. "Ils se ressemblent trop !". Et les prénoms ne sont pas non plus différents, Garance à une nouvelle Juliette et Iris une nouvelle Kenza !
La plus positive et étonnante réaction fut celle d'Iris à la fin de la première journée, après avoir fait connaissance avec plusieurs camarades habituées de l'expatriation : "Mais moi je veux faire d'autre pays aussi". Désolé, après Moscou ce sera retour à Malakoff ! Et dès le deuxième jour, Garance passe la soirée chez une copine.
Les changements, tout de même, viennent du problème général de place disponible : l'établissement collège-lycée accueillant 537 élèves cette année n'a pas d'espace extérieur, ni parc, ni cour. Il n'y a qu'un préau sonore et une terrasse au 6ème étage pour les plus grands mais ouverte uniquement si le temps le permet et si des surveillants sont disponibles afin d'éviter les cigarettes et les mégots qui volent plusieurs étages en dessous.
Pas de place, pas de gymnase : 7 lieux dans Moscou pour toutes les activités scolaires et les plus grands sont priés d'avoir une carte de métro et de bien regarder, ils ne sont accompagnés que la première fois. Fort heureusement, les nouveaux ne sont pas très nombreux ce qui signifie que les autres connaissent Moscou et savent se débrouiller en russe. D'autant plus important que, dès la seconde, les élèves ne mangent pas à la cantine -comme nous l'avions imaginé- mais déjeunent à l'extérieur. S'il vous plait ! Pajalousta! Il est vrai que ne pas sortir de son bâtiment de toute la journée quand la cantine n'est pas extraordinaire, ce n'est pas très gai, j'ai connu ça à Noisy (Fred c'est bientôt midi, n'oublie pas d'aller manger !). Les parents que nous sommes ne sont pas plus inquiets que cela, la ville est très sûre.
C'est plus de trois heures et j'ai réunion à l'école demain matin pour les inscriptions aux activités extra-scolaires. Il y a plein de choses, les parents d'élèves sont bien organisés.
Spakoïnaï notchi.

dimanche 8 septembre 2013

Photographie

Un lien vers une grande sélection de mes photographies (f-o-t-o-g-r-a-f-i-ya)  :
Cliquez sur le lien dans l'image

samedi 7 septembre 2013

Bedroom

Il y a des gens, il en faut, qui habitent en face d'une boîte de nuit.
B-è-d-r-ou-m
Et il y a ceux qui ont le tramway sous leur fenêtre. 
Il y a encore, me direz-vous, ceux qui habitent en face d'une boîte de nuit devant laquelle passe un tramway. Et imaginez alors que dans l'une de ces familles, l'un s'enorgueillit de jouer du piano, l'autre de la contrebasse, un troisième du saxophone et le quatrième de la clarinette. 
Alors comment fait pour tenir celui qui fait de la radio ? Eh bien, il est à Moscou et le temps qu'arrivent les instruments, il peut commencer à collectionner les boîtes d’œufs !
Mais sans rire, nous avons été reçus aujourd'hui dans l'appartement d'un autre expatrié, un vrai. Pas d'expatrié, d'appartement ! Et bien, on a été scotché ! De la lumière, de l'espace, du calme. Oui, vous allez encore me parler du prix, mais vous êtes pénibles à la fin ! Je ne le connais pas, c'est bien clair et je ne veux pas le savoir. Bon, sauf si vous insistez...

Le tramway, en russe, c'est le tramvail. 
Appréciez l'écriture manuscrite, très esthétique elle aussi, mais si différente !
Ça ne vous fait penser à rien, tramvail ? Ah oui, au métro ! Patamou chta métro-boulot-dodo. Eh bien, les wagons, ce sont à peu près les mêmes à Moscou qu'à Paris.
Par contre n'imaginez pas que vous pourrez vous déplacer sous terre sans avoir potassé le cyrillique, c'est impossible. Voyez sur l'image ci-dessous comment choisir sa ligne et comment choisir son quai : une liste de noms, dans laquelle il faut reconnaître la station que l'on a identifiée auparavant comme sa destination. Et comptez précautionneusement le nombre de stations auxquelles vous vous arrêtez car dans le wagon, le seul repère est une voix perdue dans les grincements qui, en plus de citer le nom de la station qui approche, donne une série de conseils aux voyageurs. Le nom de la station n'est écrit que sur le mur devant lequel s'arrête le métro. Donc quand on est à l'intérieur d'un wagon ou sur le quai avec le métro stationné, on ne peut pas contrôler où l'on est ! 
Et là où j'ai halluciné en emmenant Daphné à l'école, en sortant de la station шаболовская -cherchez pas, elle n'est pas sur la ligne 5 mais sur la 6-, on m'a donné un journal gratuit, le même qu'à la maison, METRO :
Vous voyez que la vie à Moscou n'est pas si différente. Mais la rentrée scolaire dans tout ça ? Et bien ce sera pour la prochaine fois. Il est 3 heures du mat sur mon fuseau horaire. 

Spakoïnaï notchi!


samedi 31 août 2013

La pluie

Nous sommes bien arrivés, bien installés, le propriétaire a tellement devancé nos besoins que nous sommes presque dans un meublé. Mais commençons par le début.
Le visa : après avoir déjà versé près de 500 euros, jeudi soir au moment de récupérer le précieux document, une demi-heure avant la fermeture du service des visas, M. m'appelle en panique : elle n'a pas son porte monnaie (elle a changé de sac pour aller rencontrer l'ambassadeur de France à Moscou en conférence à Paris, quand même !) et on lui demande encore 300 euros. Le billet d'avion, lui, a été imprimé, décollage à 7h30 le lendemain matin. Je m'apprête donc à foncer rue de Ponthieu -mais j'ai vendu le scooter, mon vélo est chez ma belle-maman, la voiture est partie chez une voisine, le plus sûr est de prendre le métro mais une demi-heure déjà entamée suffira t-elle à superman à réaliser l'impossible ?- et le téléphone sonne à nouveau ; devant l'affolement le service des visas, dans sa bonne grâce, accepte mais de façon tout à fait exceptionnelle (vous ne le répéterez pas), un chèque (d'ordinaire c'est CB ou liquide) !
Cool, je peux reprendre l'écriture des dernières consignes aux locataires, aux voisins et amis qui vont récupérer notre courrier, signer le bail à notre place, arroser le jardin, vider les poubelles. C'est vraiment un voyage d'équipe, il faudra que je pense, dans le générique de fin, à remercier nominativement toutes les bonnes volontés.
Réveil à 4h15 pour le grand départ. A 5h, pas de taxi alors qu'ils sont toujours en avance à la G7. Appel... le chauffeur a oublié de se réveiller ! Cinq heures trente passées, on part enfin. Galère (comme dirait Daphné) pour récupérer électroniquement les cartes d'embarquement, on ne peut pas se placer les uns à côté des autres, on a quatre billets distincts. Un ange passe. Ce n'est pas une hôtesse de l'air, c'est un monsieur fort aimable qui, avec son écran magique, a vite fait de redistribuer les cartes et les places. Ça continue à l'enregistrement des bagages, il nous faut ouvrir une valise et redistribuer les chaussettes car elle dépasse allègrement les 23 kilos max autorisés. Juste une petite tension de plus. 
Dernier appel pour le vol 1644 à destination de Moscou en porte K53.
On décolle, vol tranquille sur Air France avec petit-déj, à l'arrivée, des forêts, des villages, des forêts, une banlieue. C'est Paris avec moins d'habitations et plus de bois. La douane n'essaye même pas d'ouvrir nos valises, ouf.
Un grand taxi était commandé pour nous à l'arrivée (comment ferait-on sans Rita ?) mais personne ne nous attend. Pas facile de caser 5 personnes, 5 grosses valises et 5 valises de cabines. Heureusement, pas de souci avec le portable Orange, quelques appels téléphoniques, une attente qui ne nous fait plus aucun effet, et en route pour oulitsa Pokrovka !
Beaucoup d'énormes affiches de voitures de luxe, de voyages -on se croirait à Las Vegas si ce n'était ce ciel gris que l'on nous avait décrit-, circulation relativement fluide. Quelques immeubles de banlieues gris et tristes mais surtout plein de pub que je n'arrive pas à déchiffrer même en tournant la tête à la vitesse de la voiture (plutôt du camion, c'est un 9 places). Enfin la ville, des rues toujours très larges, le Kremlin à quelques pas alors qu'on a toujours l'impression d'être sur l'autoroute. Du monde sur les trottoirs, ville vivante, agréable à première vue (rien à voir avec les photos vides de Google Maps) et c'est déjà chez nous. Échafaudage, ils refont la façade !
Le propriétaire nous accueille, chacun repère son territoire, ça plaît à tout le monde. Génial. M. est soulagée, c'est plus sympa que sur les photos. Et il y a des lits, des bureaux pour les enfants, des draps, des couettes, des assiettes, des fourchettes et des pâtes.
Je fais un saut au mini-market en face (ouvert 24/24 et pas cher), on casse la graine, les filles ont déjà repéré des meubles dans le grenier,100% Ikea mais peu importe, même Daphné court dans tous les coins, excitée comme nous tous. Il y a des jeux d'enfants dans le grenier ! La pluie fine commence à tomber, on est crevé, il est déjà tard. Dodo.
La dernière fille se lève à 13h passées, on range, on mange, on range, il pleut très fort, on range. C'est déjà la nuit. On sort quand même. Les rues sont inondées, on se fait tremper par les voitures qui ne prêtent aucune attention aux piétons mais on va jusqu'à l'école française. On se perd, on retrouve le chemin. On est passé par les souterrains reliant les métros et les deux côtés des places ou avenues, il y a un peu de mendicité et de tags mais on a surtout vu de grands anciens bâtiments décrépits pourtant toujours très beaux. En comparaison je pense à Cuba où je ne suis jamais allé. Vu le problème d'écoulement de l'eau de pluie, ça promet pour la fonte des neiges. 
Demain c'est décidé, on se lèvera plus tôt.
 
Dojd, la pluie

jeudi 29 août 2013

Jour J - 1


Les déménageurs sont passés comme prévu -enfin façon de parler car nous n'avions aucune confirmation écrite- lundi et mardi, le siège du consulat avec un appel décisif au Ministère des Affaires Étrangères russe -merci Rita- a permis de débloquer le visa -nous devrions l'avoir cet après-midi-, les billets ont été imprimés -merci Benoit-, il nous reste à rendre les couvertures -merci Françoise- et à remballer la Freebox, la déposer à un relais Kiala et envoyer le recommandé. 
Après, plus de son plus d'image jusqu'à notre installation oulitsa Pokrovka. Dès que le réseau le permettra et que les fonctions vitales de la maisonnée seront assurées, je reviens. Rendez-vous ici, au même endroit !

vendredi 23 août 2013

Fromage, Noisy-Le-Grand

Noisy-Le-Grand parce que c'est aujourd'hui mon dernier jour de travail dans cette ville avant mon départ pour Moscou. Sept années au Ministère des Finances à quelques pas de ces créations architecturales rappelant par certains côtés des palais-blockhaus soviétiques. Une pensée pour tous ceux que j'abandonne là-bas...
Pas de quoi en faire un fromage me direz-vous. Mais si justement, car Noisy est la ville aux deux camemberts. Certes, urbanistiquement parlant, j'aurais pu me contenter de l'appellation "Arènes de Picasso" puisque c'est le nom du lieu mais c'était un peu trop facile de m'appuyer sur le maître. 
Pour que tout le monde s'y reconnaisse j'aurais aussi pu traduire phonétiquement Camembert mais je voulais un mot qui puisse enrichir mon vocabulaire russe quotidien et je ne pense pas que le fromage normand soit très répandu du côté de l'Oural.
Donc fromage. D'abord parce qu'ils sont presque tous ronds avant d'être coupés en tranche et ensuite parce que la deuxième lettre de ce mot est la plus grande énigme de la langue russe pour un francophone.
Le "ы" est un son qui n'existe pas dans notre langue. Ce n'est pas un i, le i c'est "и". Ce n'est pas "у", ça c'est "ou". Ce n'est pas non plus ce petit "ь" qui ne se prononce jamais seul et qui mouille les consonnes pour qu'elles se terminent par un petit "ye", comme la vague qui s'échoue en caresse sur le sable. Non, le "ы" ce serait plutôt un "ui" profond, un i du fond de la gorge.
Le russe aime beaucoup le i, "я" c'est "ya", "е" c'est "yé", "ё" c'est "yo", "й" c'est  "ye", sans oublier "ю" le "iou", "щ" le "chchi", le i est partout. Ce n'est pas pour rien que russe s'écrit "русский".
Alors dans tout ceci, le "ы" se distingue : c'est i-Le-Grand !

mercredi 7 août 2013

Biblio-graphie

Il y a des mots comme ça, quand vous les voyez -en cyrillique puisque c'est le russe qui me préoccupe-, vous vous dites "Ouah, la classe !".
Vous le déchiffrez, celui-là en particulier, et étonnamment il prend sens : b-i-b-l-i-o-g-r-a-f-i-ia
Évidemment ce sens lui enlève rapidement sa magie mais c'est tant mieux car alors j'ai besoin d'un nouveau mot -en cyrillique puisque c'est le russe qui me préoccupe- pour continuer d'avancer vers ce pays-continent aux 9 fuseaux horaires !
Hier, nous avons Muriel et moi, fait une rencontre peu commune. A deux pas de chez nous en France, dans l'appartement de son épouse, nous avons pris l’apéro avec le propriétaire de... notre appart de Moscou ! Le monde est petit mais encore plus petit qu'on ne le croit : ils ont 3 enfants des mêmes âges que les nôtres et partent s'installer à côté de Toulouse, ville si l'en est avec qui nous avons des contacts puisque nous y avons des amis et de la famille et je que je travaille tous les jours avec une équipe de plusieurs dizaines de Toulousains !
Cet homme charmant parle le français avec un fort accent russe, a fait les aménagements que nous souhaitions dans son appartement et, avec son épouse, nous ont donné des adresses et des contacts sur place. Les chouquettes, c'est juste en bas de la maison et elles sont excellentes :-). Il nous propose, cerise sur le gâteau, de nous remonter des affaires dans ses 2 grosses valises presque vides, lors de sont retour en Russie dans 15 jours. Nous en avons bien besoin car il y a toujours un risque que notre camion de déménagement soit bloqué plusieurs semaines en douane et nous ne pourrons avoir que 23 kg chacun dans l'avion d'Air France du 28 août 2013 Paris-Moscou (concrètement nous n'avons encore ni visa ni billet).
Ce sont donc des nouvelles rassurantes qui vont limiter nos tracas et inquiétudes alors que nous sommes jusqu'au cou dans le tri des livres et autres objets recouvrant les étagères de Malak. Mais les déménageurs ne veulent pas de bibliographie, ils veulent un inventaire !

vendredi 2 août 2013

Dom

Sur la route de Malakoff, escale à Dijon. Mes parents sont sur le point de déménager. Ce n'est pas une obsession familiale, cela fait 35 ans que cela ne leur ait pas arrivé. Le thème de la maison s'impose, le sépia aussi puisque c'est une tranche de mon passé qui s'estompe.

Dom, la maison en russe.
Sitôt de retour à Malakoff, valise pour les colos des trois filles et tris des chambres pour jeter, donner, trier. Achat des fournitures pour l'école de Moscou. Il y a au moins 15 kilos de livres et nous n'avons encore aucun cahier. Nous ne pourrons pas tout prendre dans les valises et la rentrée se fera sans toutes les fournitures demandées puisqu'il faudra attendre plusieurs semaines les déménageurs.
Toujours aucune nouvelle des visas, nous espérons partir le 28 août après que les déménageurs soient passés le 26. C'est ric-rac.
Bonne nouvelle côté travaux : le peintre a fini salon, salle à manger et cuisine pendant notre absence. C'est tout propre, tout neuf.