mardi 23 mai 2017

Israël

Je ne pensais pas que ce voyage aurait autant de lien avec la Russie. L'hiver 2017, tout d'abord, est très long. Moi j'adore toujours le froid, fasciné par la Sibérie et le grand Nord. Mais plusieurs personnes de la famille avaient envie de soleil (encore) et il n'est pas besoin de me pousser beaucoup pour me décider à partir découvrir un pays à moitié dans le désert. Ce qui a guidé nos pas vers Israël, c'est encore une fois, une sorte de hasard : une des meilleures amies d'Iris est partie vivre dans ce pays il y a quelques années. Depuis, nous avons, à plusieurs reprises, accueilli Varvara à la maison. Ses parents nous proposaient de venir leur rendre visite, et cela d'autant plus qu'ils ne savaient pas combien de temps encore ils allaient y rester. Iris, de toutes manières, insistait pour aller en vacances chez sa copine. Alors, bon, il n'y a pas que les enfants qui vont encore en profiter!
Le monastère Saint-Georges en Cisjordanie, Saint protecteur de Moscou et symbole de cette ville quand il terrasse le dragon.
Quatre billets d'avion, une chambre pour trois près de la vieille ville, dans un petit hôtel de charme proche de chez Varvara et en route ! Garance étudie à Issy les Moulineaux, nous voyageons encore sans elle. Ce n'est ni la première ni la dernière fois puisqu'elle est majeure mais c'est un peu comme s'il nous manquait un bras. Par contre, prendre le taxi à quatre, c'est décidément beaucoup plus simple qu'à cinq. 

Tel Aviv depuis Jaffa
Aéroport de Tel Aviv, au bord de la mer méditerranée. L'eau est très bleue. Je n'ai jamais vu une eau si belle à Fréjus, en France, où mes grands-parents m'invitaient, enfant. Une bonne demi-heure de route pour rejoindre Jérusalem. Autoroute en très bon état, grand soleil. Des groupes de maisons, comme des villages, sur presque toutes les collines. C'est l'image que j'avais des colonies israélienne en Cisjordanie ; mais sur place, en Israël aussi, les habitants ne construisent pas dans les vallées, ne cherchent ni l'ombre ni l'eau (il n'y en a sûrement pas d'ailleurs quand on connait ce problème majeure de la région), mais s'installent sur les sommets, au soleil, en plein vent. Besoin de dominer, de voir surtout, probablement. Je pense à la Palestine immédiatement alors qu'aucune sécurité ni mur n'est encore visible, depuis notre descente d'avion. Le contrôle était minimum à l'aéroport, pas de foule. Tous ressemble à un vol intérieur d'un pays sans souci.
La porte de Jaffa, vieille ville de Jérusalem
Toutes les maisons, tous les immeubles de Jérusalem sont de la même couleur, faits de la même pierre couleur sable. C'est très propre. Le quartier dans lequel nous arrivons est privilégié : nous voyons des arbres, des palmiers dans les jardins. Un avant-goût de paradis. Quand nous voyons les drapeaux d'Israël accrochés aux voitures, par contre, deux par deux au-dessus des fenêtres arrières, nous nous demandons si les Russes n'auraient pas trouvés ici, plus nationalistes qu'eux. Étonnamment, nous nous rendrons vite compte, que si l'on ne parle ni hébreux ni anglais, l'on parle forcément russe dans cette partie du pays (essayons de ne pas trop généraliser, en une semaine notre connaissance ne pourra être que superficielle même si l'on bénéficie du récit d'habitants installés dans le pays depuis plusieurs années).
La vieille ville est une ville dans la ville avec son enceinte de forteresse complète, ses quartiers juif, arabe, chrétien et arménien. A l'extérieur, l'on trouve le mont des Oliviers, le tombeau de Marie puis par la porte des Lions, on accède à la Via Dolorosa - le chemin de croix - en passant par la prison où fut enfermé Jésus et on arrive à l'église du saint Sépulcre où se trouve le tombeau de Jésus. En tant qu'athée, je n'ai ressenti aucune émotion particulière dans ces lieux saints pleins de touristes et de pèlerins ; ces endroits vénérés ne sont pas particulièrement beaux. Le plus saisissant est, je trouve, le mont des Oliviers où l'on peut imaginer - avec un vrai recul physique, la présence des arbres, la vue de l'enceinte de la vieille ville - la vie d'il y a 2000 ans.


Après, il est intéressant de sortir de Jérusalem pour passer le mur, pas de la vieille ville cette fois - mais du nouvel apartheid - et d'arriver à Bethléem où se trouve l'église de la nativité. L'église était en travaux, la foule plus nombreuse qu'ailleurs. Avant de passer le checkpoint d'entrée en Cisjordanie, on peut lire sur de grands panneaux rouges que la zone (classée A) est interdite aux Israéliens. 


La passion des murs ne s'arrête pas là évidemment car au milieu de la vieille ville de Jérusalem, au niveau de la séparation des quartiers juif et musulman (qu'on appelle souvent arabe mais il y a des arabes chrétiens aussi, rien n'est simple), il y a le mur des lamentations avec aujourd'hui une petite partie à droite, réservée aux femmes. 

L'esprit de la vieille ville est vraiment - paradoxalement car je n'avais pas accès au rues les plus islamisées - arabe, avec une présence policière bien réelle. On y trouve une nonchalance, sans voiture et sans la pression du monde moderne capitaliste, un mélange comme nulle part ailleurs dans Jérusalem, de races, de couleurs de peau, de tempéraments, de regards, de religions affichées de la manière la plus ostentatoire. Se promener dans ces ruelles est agréable et dépaysant. Je n'y suis pas resté assez longtemps pour préférer tel ou tel quartier. J'aime quand il y a de la vie, du monde ; et ce sont souvent des échoppes, comme dans un grand souk.


Une des choses les plus surprenantes quand on a pris conscience de l'étendue, de la forme de la vieille ville, de son périmètre, de ses portes et des parties dans lesquelles la police israélienne ne vous laisse pas passer en raison de votre non appartenance à la religion musulmane, est la présence d'un poumon vert, d'une esplanade superbe qui représente une partie très importante de sa superficie : il s'agit du mont du Temple (lequel temple a été détruit par Nabuchodonosor II puis par Titus), le mont Moriah ou encore appelé esplanade des mosquées, à tort : ce dernier nom n'est pas correct car il n'y a qu'une seule mosquée ; le dôme du Rocher (ce dôme doré qui surplombe tout et pourrait être le symbole de la ville) est le troisième lieux saint musulman dans le monde sans être une mosquée. Et toute cette surface m'a été interdite. Mais certains jours de bonne heure, on peut voir l'esplanade ! Cool, je me lève tôt, y vais seul après avoir attendu que l'hôtel veuille bien sortir les petits-déjeuners (7h30), marche jusqu'à la vieille ville et cherche l'entrée miraculeuse. Ça n'a pas été facile mais j'ai compris que la seule solution était, pour les touristes non musulmans, d'emprunter le pont de bois qui surplombe la cour du mur des Lamentations. Je me résigne à monter espionner par dessus le mur (alors que je voulais rentrer dans la cour par dessous les arches en pierres) mais la foule est telle que je renonce. Des centaines ou des milliers de personnes, une file qui n'en finit pas, jusqu'à la porte des Immondices.


Et il ne nous restait plus qu'à pique-niquer au bord de la mer morte, coté Cisjordanie, après avoir embrassé la région depuis la hauteur des fortifications antiques de Massada, coté israélien. Tout ça ne manque pas de sel ! Hahaha