mercredi 2 avril 2014

Le crim était presque parfait

Crim (Крым) en russe ce n'est pas le crime comme je l'ai cru les premières secondes pendant lesquelles je lisais un article de journal russe mais la Crimée. La confusion est trop troublante pour que je n'en fasse pas ici allusion. Ce blog n'est pas destiné à traiter de politique (je m'étais bien dit que c'était la dernière chose à faire en venant vivre à Moscou) mais quand elle inonde les journaux et que les mots mêmes de référendum, Crimée et Poutine surgissent subrepticement dans le vocabulaire étudié en cours de russe, cela devient une partie de ma vie moscovite. 
Et quand j'ai dit qu'ils sont tous fascistes, cela ne concerne que les Ukrainiens qui ont pris le pouvoir de force, les Russes vivant en Ukraine ne sont que des otages de ces dangereux individus et ne peuvent être assimilés à des partisans de la droite extrême. C'est l'avis de nombreux médias russes et je ne saurais dire quelle est la proportion qui le pense et celle qui se croit obligé de partager cette opinion.
Coté web, il y a une information liée à ces événements que je trouverais volontiers amusante si elle n'était si grave -Le journal Le Monde l'avait relatée-, c'est la résurgence d'un groupe appelé CCCP 2.0. Nouvelle version donc de l'Urss, le sigle signifiant  l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (Союз Советских Социалистических Республик) et se prononce donc en russe SSSR. Le jeu des lettres et du langage m'a toujours plu -graphiquement cela se décline dans la calligraphie que j'adore- et m'entraîne parfois personnellement dans des bons mots froissant certaines susceptibilités et je fais ici mon mea culpa pour ceux passés et ceux à venir.
Ce retour de L'URSS, je l'avais tant corrigé dans la bouche de tous ces amis français qui avaient une vision figée de la Russie... Il s'avère que c'est peut-être moi qui était sur un nuage car cette vision est celle du vénéré Président de la Fédération de Russie qui accepte, voire encourage, cette association CCCP 2.0 qui fait vivre un journal, un site et dont les manifestations ont l'air aussi militarisées que l'organisation des groupes ukrainiens d'extrême droite. Évidemment ses partisans prônent un retour aux frontières russes d’antan, avant qu'elle ne se libéralise quelque peu et que plusieurs peuples accèdent à l'indépendance.
Le rouge est de rigueur (ce sont eux sur la photo extraite des images de la chaîne TV russe Rossia 24, à Moscou avec le Kremlin en arrière-plan), on les repère de loin et ils ont le mérite d'être transparents dans leur message. La France a bien des nostalgiques de la royauté me direz-vous mais c'est devenu anecdotique et il ne sont pas soutenus par des hommes politiques au pouvoir.

Pour faire le lien avec la facette économique de l'article précédant, j'aurais aimé -et je ne désespère pas- trouver des t-shirts avec des inscriptions en cyrillique mais ici tout est en anglais voire en français. N'y a t'il aucun vêtement fait en Russie ou l'abandon de la langue au profit du commerce est-il plus fort que l'abandon des russophones dans les pays frontaliers ?. Les seules lettres en russe que je voie sur des vêtements ce sont encore ces fameuses CCCP dans les magasins pour touristes. Ca aurait pu m'amuser pour commémorer ce système politique qui a eu l'audace de penser autrement avant de s'autoriser le crime et de faire rougir de sang ses mains, aujourd'hui que l’expansionnisme est le principal programme politique de cet immense pays, je ris jaune et ça ne m'enchante plus du tout.

De fil en aiguille, la Chine serait bien intéressée par les ressources du sous-sol russe (même si elle n'aime pas les référendums) mais les travaux d'infrastructures nécessaires sont tels qu'à part le bois très exploité dans l'Est, le marché chinois n'est pas prêt de remplacer le marché européen pour la rentrée de devises dans la Fédération de Russie. L'énorme potentiel industriel de la Russie est globalement vieillissant et n'a pas été modernisé. La recherche et le développement auraient-ils étés sacrifiés sur l'autel de la corruption ? 

Mais l'histoire -история- continue de s'écrire, et Alfred reste le roi du suspense. C'est un film noir avec un nombre de victimes indéterminées dont on ne sait pas si l’assassin sera identifié, arrêté ou encore jugé, condamné. Nous retenons notre souffle et un certain nombre de personnes risquent de quitter la salle avant la fin de la séance, vous êtes prévenus. Bon film.

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