jeudi 19 juin 2014

Le sens, ce missile

смысл veut dire "sens, signification" en russe et se prononce c'missile. C'est assez mnémonique car il est vrai que ça peut faire mal.

Ce matin, impossible de sortir de Gorkogo, le temps est passé par là ; il est encore la-haut d'ailleurs, l’œil brillant, à regarder ce qu'il advient de ses flots de larmes. L'eau a coupé la voie, laissant une statue, qui ne saurait rester de marbre -si encore elle en était faite-, s'y mirer. Il s'agit d'une femme en marche. Elle porte sous un bras son enfant mâle et sous l'autre, de bras, une enfant de sexe féminin. Elle est bien décidée, la mère, à les protéger -ses enfants- et pour qu'ils ne périssent engloutis, elles les porte non seulement dans son cœur mais bien au delà.
Ce pourrait être un mythe mais c'est une sculpture devant un musée d'art contemporain, le Garage, dans le parc nommé plus haut, à proximité d'une des sorties, qui n'en n'est plus une pour le coup, le temps que l'étang s'évapore puisqu'il n'y a pas d'évacuation d'eau prévue à cet endroit.  
Ce pourrait être alors une installation artistique ; un artiste russe qui sait bien que dès les premières pluies, nombre de chemins sont impraticables pour ceux qui n'ont que leurs souliers aux bouts des pieds et les pieds au bout des jambes. Et cela un proverbe. Dès que le temps se gâte, la mère en miroir face à son devoir infini comme l'eau qui occupe tout l'espace qui lui est offert. Va t-elle marcher sur l'eau ou, comme elle semble l'avoir prévu, se mouiller ? Mais en fait, ce n'est ni histoire, ni légende, c'est un instantané matinal qui faillit tourner mal. Le téléphone a de lui-même, aimerais-je croire, fait le ménage, épongé, censuré, mes écrits ; tous mes mots s'en sont allés. J'avais pourtant bien pris soin de noter aussi prêt que possible, aussi froid qu'immobile pour que ce soit aussi clair et lisible que l'image qui elle, heureusement, est restée, figée et continue de parler ; mais dans quel sens ?
Empruntez une autre sortie, promeneurs, dans le sens qu'il vous plaira, lecteurs, mais laissez les canards de Gorkogo  tranquilles !




lundi 16 juin 2014

Le sucre, le Sahara, cахар, Сахара

Le thé que l'on boit à Moscou, même s'il est zilionille (vert, зеленый) et sucré, il n'a rien à voir avec le nectar que l'on peut aspirer au coin d'une dune du Sarharra (Сахара). Ce n'est pas par le biais de cette boisson que sont remontés à la surface de ma mémoire les синие мужчины (hommes bleus) mais par le biais des signes. 
A Moscou, les signes n'étaient pas dessinés sur le sable de Gorki bien que l'on puisse voir la plage sur une photo de l'article précédent "Le tiers monde, la mer (à Moscou)", ni même sur les petites dunes aux pieds des chameaux Ouzbeks -à deux bosses ceux-là- (voir mes photos d'Ouzbékistan) mais simplement sur mon тетрадь (cahier) de russe !
En effet, certains mots en cyrillique qui associent les lettres géométriques les plus simples font étrangement penser à du tifinagh pour peu qu'on en connaisse quelques rudiments. Ca m'a sauté aux yeux avec "плохо" (que l'on utilise pour dire que ça va mal) et d'autres mots que je note au hasard en feuilletant mon petit carnet :
 
"Mal qu'est-ce que c'est mari encore aussi esclave difficile glace père montagne angle thé". Je le bois à votre santé, ce thé au sucre russe (русский сахар), amis voilés en quête de paix. Loin déjà le temps ou Ahmed m'apprenait à jouer à tiddas avec des crottes de chameaux dans un damier creusé à la main dans le sable fin et chaud du sud de l'Algérie. Et ce grandiose festival au désert, au nord de Tombouctou, en exil lui aussi :
Mon passé revit grâce à la langue russe !


mercredi 4 juin 2014

Le tiers monde, la mer (à Moscou)

это не лужи, это море! (ce ne sont pas des flaques, c'est la mer !). En ce matin de juin, avant 08 heures, le long de Tchistoproudniï boulevard, il nous faut renoncer avec Daphné à traverser pour rejoindre le parc qui conduit au métro. Une bande d'eau de 1,5 à 2 mètres de large coure tout le long du trottoir. Même pendant le déluge de septembre 2013 nous n'avions pas vu ça. La seule personne que nous croisons qui ose traverser plonge littéralement son pied dans l'eau.
Ce n'est que de l'eau me direz-vous mais, vous répondrais-je, nous sommes dans le centre ville de la capitale d'un des pays les plus puissants du monde. Pourtant, le mot que j'ai à l'esprit ce matin là, c'est tiers-monde, le tiers-monde !
Le long des trottoirs il y a des caniveaux avec des grilles permettant l'évacuation d'eau pourtant ! Mais ce qui est particulier, c'est que toute l'eau des toits (et leur surface est considérable) se déverse sur les trottoirs, au pied des murs. Aucune gouttière ne rejoint un réseau sous-terrain (donc imaginez la patinoire lors des périodes de gel). Un début d'explication peut-être réside dans la glace qui obstrue les tuyaux pendant une partie de l'année ; et alors quoi ? Je n'en sais rien mais dans de nombreuses gouttières, au niveau du trottoir, on voit de gros fils de fer qui se prolongent à l'intérieur et qui sortent légèrement du conduit métallique. Je n'ai jamais vu personne s'en servir pour aider la glace à tomber par exemple mais ça pourrait être une explication. Et si trop de glace obstruait des canalisations souterraines, ça pourrait créer quelques complications non ? Comment font donc les autres pays froids ?
L'autre élément important et capital dans la capitale qui voudrait tant attirer le capital, ce sont les travaux publics qui sont faits n'importe comment. Aucun niveau (ou très imprécis) sur les routes ou sur les trottoirs pour s'assurer qu'une légère pente permette l'écoulement des pluies ou neiges fondues et donc va comme je te pousse, ça s'écoule où ça veut bien s'écouler, ou ça ne s'écoule pas.
C'est comme ça que des mers se créent. Si, je vous assure ! Voyez plutôt la photo ci-dessus, tirée d'une affiche du musée d'architecture de la ville de Moscou, une source sérieuse. Et ils refont tous les ans ou presque les routes et les trottoirs du centre-ville.  
Il y a un sacré business à faire ici coté BTP. C'est un secteur connu pour ses dessous de table et sous responsabilité du pouvoir politique donc ce n'est pas forcément ouvert aux entreprises -qui plus est étrangères- mais il y a du lobbying à faire dans un premier temps. La sphère politique est toujours en voiture avec chauffeur, ils ne sont même pas au courant de l'état lamentable de leur ville. Surtout que ce n'est pas les jours de pluie qu'ils vont s'amuser à se mélanger à la plèbe, de par les rues et les péréouloks.
Mais depuis dimanche c'est l'été et le thermomètre ne s'y est pas trompé. Deux photos de ce matin parc Gorki prises avec mon téléphone vers 08h30 (ne vous inquiétez pas si vous ne trouvez pas Gorki mais seulement Gorkogo, c'est le nom décliné) ; on ne se croirait pas à Moscou n'est-ce pas ? On n'est qu'à 2 arrêts de métro du Kremlin pourtant. Les jardiniers sont au complet : j'en ai vu une trentaine, de vrais fourmis. Ils déroulaient le gazon, arrosaient. Ceux qui nettoient les rues du parc passent avec un camion qui projette de l'eau sous pression deux mètres à droite, deux mètres à gauche. Vous avez intérêt à vous pousser. Et une camionnette suit pour passer au jet -manuel cette fois- les poubelles. A Tchisti, les jardiniers enlevaient les parterres de fleurs fanées ; toutes dans de grands sacs poubelles. Demain il y en aura d'autres toutes neuves. Il y toujours beaucoup de main d'oeuvre et ça fait plaisir à voir quand on vient d'un pays où l'on ne rêve que de remplacer l'humain par la machine !

Et autre point positif : Moscou s'ouvre au tourisme ; voici la preuve en photo :
Des messages dans la langue de Shakespeare apparaissent dans le métro, un peu caché pour commencer. C'est un jeu ? On ne peut lire le message que quand on a les pieds dessus ? Vous n'êtes vraiment jamais content !