lundi 8 septembre 2014

Baïkal 3 - La vache et la bania


Mardi soir
Une palissade en bois clair en parfait état abrite le logis. Un joli chien à poil long nous accueille dans une petite cour au centre de 5 maisons de bois. A droite la maison principale dont nous occuperons une des 2 chambres de l'étage. Son bois est noirci par le temps alors que les autres constructions sont d'un bois clair vernis que l'on croirait neuf et leur toit est en tôle de couleur verte, c'est très lumineux.

A gauche, une maison plus petite avec un étage. Derrière, la bania qui nous fera suer tous les soirs et servira aussi de salle de bains. En poursuivant ce tour de cour on trouve une troisième maison à un étage dont le rez-de-chaussée sera occupé par nos 3 enfants et enfin un long bâtiment de plein pied avec salle à manger et cuisine. Derrière, un petit (nous sommes en ville) champ de pommes-de-terre, les 2 toilettes sèches, une cour avec des oies et un jardin potager.

Nous accédons à notre chambre par un grand escalier extérieur (en bois comme de bien entendu) qui nous offre une vue sur la ville, le lac Baïkal et les montagnes de la rive ouest. Nous avons donc aussi le coucher de soleil ! Délicieux repas et tour en ville, de nuit, sur les chemins de terre sèche le long des palissades ; quelques chiens errant et des vaches à la recherche de nourriture ; ce n'est pas l'Inde tout de même mais la gestion des ordures laisse autant à désirer qu'à Moscou. Ici c'est un peu plus justifié par le manque de moyens et d'infrastructures.
Quelques cafés, épiceries ou échoppes à souvenirs, la plupart de la Mongolie voisine. Peu de monde, rythme de vacances, tranquille. Une belle crevasse serpente au milieu de la rue principale. Les voitures roulent à droite mais étonnamment il y en autant avec le volant à droite qu'avec le volant à gauche. Nous apprendrons plus tard que les japonnais viennent vendre leur voitures d'occasion à Vladivostok et que plus on avance vers l'Est de la Sibérie, plus les volants sont à droite (on roule pourtant à droite dans toute la Russie). Avant il y avait aussi le marché des véhicules utilitaires coréens mais la loi.russe en a décidé autrement.

Mercredi
Après un petit déjeuner fait de crêpes et de cacha savoureuse, départ pour le nord de l'île en 4x4. Le nombre de roues motrices est plus important que la forme du véhicule. Nous commençons par une partie sablonneuse dans la forêt pour déboucher sur la steppe vallonnée. Pas de cultures, pas de troupeaux. Quelques fermes isolées dont certaines abandonnées. Nous nous arrêtons au bord de la mалого mоря (petite mer ; vous noterez la forme courte déclinée de l'adjectif, on ne reconnait que la première des 3 syllabes de l'adjectif petit "маленький", comment voulez-vous que je m'y retrouve ?). 

L'endroit serait propice à un film. La dernière habitante Baba Kathia a quitté la ville ensablée, au bord de la mer. L'eau est peu profonde sur des dizaines de mètres et de gros amas de cailloux affleurent témoignant de l'ancienne présence d'un port. Le sable continue de gagner du terrain et est parti à l'assaut de la forêt sur la colline derrière les restes des maisons. Il semble qu'une nouvelle famille ait décidé de s'installer dans ce lieu. Nous nous arrêterons à cet endroit, sur le chemin du retour, pour nous baigner ; c'est une des plages où l'eau est la moins froide (si vous n'avez pas compris pourquoi, relisez le paragraphe).
Ensuite, nous faisons étape au cap des 3 frères et au cap de l'amour. Le relief est très différent. D'un coté, des falaises plongent dans la mer (difficile de se résoudre à l'appeler lac vu son étendue et sa profondeur qui donne à sa couleur bleue une intensité et -oserais-je- une grande profondeur), de l'autre la forêt plonge elle aussi, y a pas de raisons, dans l'eau. Pendant que nous marchions et essayions au retour de retrouver notre estafette (ils ont tous la même, bien m'avait pris de faire une photographie de la notre sur laquelle la plaque d'immatriculation était lisible, le désert n'est plus ce qu'il était), Igor nous mitonnait une ourha, chouette ! Il s'agit de la soupe de poisson ici préparée avec de l'omoul et des kartochka (je ne vais pas tout réexpliquer dans chaque article, reportez-vous aux précédents si vous ne comprenez pas de quoi je parle). Plusieurs dizaines de photos illustrent cette partie magnifique et sauvage de l'île.
Retour à la maison par la même piste défoncée dans la steppe, la forêt, sur la terre, sur le sable. Je n'aurais jamais osé engager notre véhicule dans certains trous, qui plus est boueux, comme l'a fait avec brio Igor.
Au coucher du soleil, découverte du rocher du chaman ou Bourrhan, rocher sacré qui forme comme une presqu’île sur la côté ouest, à l'endroit où disparaissent les falaises pour laisser place à une plage de sable de 3 kilomètres. Ce rocher est très important pour les chamans et pour les bouddhistes car il a été habité par Bouddha, s'il vous plaît ! Il est aussi le symbole de l’île d'Okhone, On le trouve en photo dans tous les guides. Et quand on lui tourne le dos, la vue n'est pas mal non plus :

Jeudi
Aujourd'hui, balade en vélo. Note guide nous laisse filer sans elle car elle ne sait pas faire de bicyclette. C'est dommage car sans cela on ne se serait par aventuré dans cette ascension, qui ne payait pas de mine, de loin. Nous avons commencé par la route sablonneuse. Au mieux c'était la tôle ondulée (sable durci formant des vaguelettes) avec ses vibrations incessantes dans les bras, au pire c'était le sable mou et avec une seule roue motrice, il fallait rapidement se résoudre à mettre pied à terre. Mais quel plaisir de ne plus dépendre d'un véhicule à moteur ! 
Nous nous séparons en 2 groupes pour atteindre le point de vue car plusieurs chemins s'offrent à nous ; nous sommes en plein soleil, il fait chaud mais on a emporté de l'eau. Une heure plus tard... Ça souffle drôlement là-haut ! Retour en pente douce par la forêt fleurie, c'est très agréable, nonobstant les chutes sur les chemins ensablés quand la roue arrière chasse sur le coté.
Après avoir dévoré notre repas, petit tour au musée de l'île. Il n'y a plus d'usine à poissons, l'omoul a été trop pêché. On en consomme toujours beaucoup mais localement et plus dans des quantités industrielles. Maintenant repos du guerrier : on va à la plage !
Bouh, elle est froide et il y a du vent, personne n'a le courage de se tremper entièrement. Il y a peu de monde sur cette grande étendue de sable. Quelques campeurs sous les arbres juste derrière et un groupe profite du filet de volley installé sur le sable. Je me promène au bord de l'eau. Il y a un camion et 2 petites remorques. On dirait des vendeurs (de quoi ?) mais c'est fermé, il n'y a personne, bizarre ! Plus loin, un groupe de jeunes gens sort d'une petite roulotte en maillots de bain. Ah, c'est pour se changer !? Ils vont directement plonger dans le lac, pas possible !
 Ok, j'ai compris, se sont de minis bania. Tous ces wagons, roulottes, camions (il y en a 4 sur 50 mètres juste au bord de l'eau) ont une cheminée -j'en vois une seule qui fume- mais je ne vois personne s'en occuper, c'est pourtant forcément payant ! Pendant que je photographie, un gars se lève de sa serviette et viens me demander si ça m'intéresse. Je m'enquiers du prix puis je vais comparer avec l'autre bania ouverte. Rien n'est affiché, ça sert d'avoir fait du russe pendant un an ! Nous n'avons plus qu'une demi-heure avant de nous retourner pour le dîner.

Garance et M. me suivent dans le camion. Cent roubles par personne pour une fois (adine raze, on ne retourne plus dans la bania une fois sorti). Le gars ajoute une bûche dans le poêle accessible de l'extérieur, sur le coté du camion. Nous allons à l'arrière du camion, au pied des vagues, rinçons nos pieds dans la bassine et montons les quelques marches de l'escalier en bois. J'ouvre la porte, découpée dans l'arrière de la remorque. Tous est en bois à l'intérieur, une vraie bania. Je me trouve tout d'abord dans une première pièce avec une fenêtre et une table sur laquelle se trouve un beau samovar. Nous sommes en maillot de bain sans appareil photo donc il vous faut faire preuve d'imagination. Au milieu se trouve une porte et derrière, la bania proprement dit, autrement dit le four.
Un poêle en métal est rempli de gros cailloux emmagasinant la chaleur. Sur le coté du poêle, un banc fait de lattes de bois et en hauteur un autre banc identique pour ceux qui veulent avoir encore plus chaud ; on y accède en montant sur le premier banc. Mais pour l'instant on ne peut s'asseoir nulle part car c'est brûlant. Un carré de feutre me permet de saisir le seau en métal et d'aller le remplir d'eau froide dans le lac. A l'intérieur, dans la première pièce, une casserole avec un manche en bois permet de se verser de l'eau froide sur le corps pour se rafraîchir sans sortir. L'eau sur le banc ne produit aucun effet, elle s'évapore aussitôt. Le carré de feutre et des minis balais en paille nous permettent de poser nos fesses. On est obligé de laisser la porte entre les 2 pièces ouverte. Un thermomètre indique 120 degrés. Ça ressemble à l'enfer. J'imagine facilement un diable sortir du poêle. La chaleur sèche de la bania est surprenante car il n'y a aucune vapeur ; ça permet de voir clairement la sueur dégouliner sur nos corps. Bon, ça suffit, à la baille ! Le plongeon dans les vagues est un régal. C'est frais mais pas froid, quelques brasses dans l'eau claire non salée et c'est l'heure de sortir. C'était trop bien !



A suivre

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tes photos sont magnifiques ! Quel endroit superbe ! Merci de nous le faire partager.
Bises,
françoise

Anonyme a dit…

BaÏkal 3 nous donne l'illusion de prolonger des vacances exotiques.... Déjà hâte de découvrir Baikal 4 !!!
Bises à tous et bonne rentrée,

Anne E.& Co

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