lundi 13 avril 2015

Aï ia (Géorgie n°5)

C'est le printemps, aï ia, აი ია, voilà une violette, c'est la première leçon de géorgien dans les livres d'enfants. Et nous ce sont les premières fleurs que nous voyons sur les marchés. Mais sur les marchés, il y a des choses bien plus étranges et extraordinaires que les violettes : les churchkhelas !
Alors tout d'abord, nous sommes dans la voiture. Nous roulons. Nous attaquons la montagne, une petite. Ça tourne, ça tourne, nous sommes entourés de forêts. Et apparaît une immense muraille. Le coteau est déjà dans l'ombre, la muraille se perd dans le replis des collines, réapparaît un peu plus loin, au gré du relief. Nous rentrons dans la cité, en voiture. Et nous ne sommes toujours pas dans le cœur de la ville de Sighnaghi, déjà connue au moyen-âge ; la muraille fait des kilomètres. Et nous finissons par dominer la vallée. La vue est voilée, nous ne voyons pas les hauts sommets enneigés du Daguestan. c'est un peu énervant. Et les 20 degrés de la semaine dernière, quand est-ce qu'on pourra y goûter ? Patience. Nous ne perdons rien pour attendre, nous faisons un arrêt chez la meilleure faiseuse de churchkhelas du coin. Bon ça va, on m'en a fait goûter à Moscou, vous savez moi le caoutchouc... Ok, un petit bout aux noix, un petit bout aux noisettes. Aux noix, c'est le meilleur, y a pas photo. Ok, une photo, mais sur le marché. Là ça pendouille à gogo, on dirait des saucisses. Mais qu'est-ce que c'est ce truc, on en voit à tous les coins de rue ? Vous en mangez donc toute la journée ? 
Comme beaucoup de familles ont leurs vignes et font leur vin, ils font aussi tremper leurs cerneaux de noix dans le jus de raisin. D'abord ils enfilent les cerneaux -il y a beaucoup de noyers dans ces régions, comme en bourgogne d'ailleurs- et ensuite il font chauffer le jus dans lequel ils ajoutent un peu de farine pour l'épaissir. En séchant ça donne cette forme de saucisse ou de cierge dans laquelle on ne discerne plus les morceaux de fruits Certains ont même essayés de les allumer, en vain. Mais c'est 100% naturel. Allez, 2 aux noix et 1 aux noisettes pour faire plaisir à toute la famille. Mais une fois rentré à Moscou, ceux au noix ont été boulottés tout de suite et il aurait finalement fallu en prendre un carton entier. Moralité : ne jamais se satisfaire d'une mauvaise première impression !
Ensuite nous poussons jusqu'au monastère de Djvari. Si j'en crois les dates des photos, c'est deux jours plus tard. Mais il faut savoir si c'est la technique qui est au service de l'homme ou l'inverse. Pour moi, le choix est fait. C'est beau, même très beau. Par contre on a pris de la hauteur, la vue est dégagée, le monastère se détache du reste du paysage mais le vent, quel vent ! Cela ne m'empêche pas de m'éloigner car il a vraiment fier allure de loin. Le chemin me même droit vers un troupeau de vaches. Elles ont l'air bien paisibles mais les deux chiens qui arrivent en courant ont peut-être un autre message à me faire passer que le salut habituel. Je ne sais trop comment leur dire que je me moque du troupeau qu'ils gardent, sans qu'ils le prennent mal. Surtout que Lili nous a raconté il y a quelques heures qu'en allant voir des amis, elle a dû rentrer dans la cour pour s'approcher de la porte car personne ne répondait et le gentil chien n'a pas du tout compris sa démarche et elle s'est fait attaquer sérieusement par derrière. Moralité ne jamais se satisfaire d'une bonne première impression !  
Descente sur Mtskheta, une des plus vieilles villes du pays, ancienne capitale d'Ibérie entre le IIIème et le Vème siècle avant JC. Visite de la cathédrale de Svétitskhovéli du XIème siècle. On aperçoit depuis la ville le monastère de Djvari, qui se détache dans le ciel. 
Et alors ensuite, le miracle, c'est la cité troglodyte d'Ouplistsikhé. Là, avec cette cité de Dieu, on va chercher très loin : 1er millénaire avant JC. Une cave à même été identifiée avec des espaces creusés dans le sol pour stocker les jarres. Etape des caravanes de la soie mais victime de Tamerlan (je vous renvoie aux articles précédents) et victime également des tremblements de terre. On sent que les murs des grottes sont vieux, qu'il en a fallu des générations et des générations pour faire ressembler l’intérieur des roches à de belles habitations, polies par le temps. Il y a eu plus de 700 cavités. Au Xème siècle une église s'est perchée au milieu de la pente, sur les grottes, mais à la différence du monastère de David Gareja, plus aucun moine ne vit encore sur le lieu.
La vue du site est spectaculaire, mais celle depuis le site n'est pas mal non plus :

A suivre.

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