vendredi 3 avril 2015

საქართველო n°4

Le tamada, vous pouvez le voir en photo dans l'album Géorgie. Enfin, vous pouvez voir une très grande copie de la statuette en bronze du VIIème siècle trouvée dans les fouilles de la ville de Vani. Le tamada est celui à qui on attribue le rôle de chef de table lors de grands repas. Ce doit forcément être un homme, Il doit être un bon orateur, doit avoir beaucoup d’anecdotes à raconter car il anime, chante, porte des toasts. Il donne le signal pour boire et veille à ce qu'on ne boive pas plus que ce que l'on est capable de supporter. C'est toute l’ambiguïté. On remplit les verres, il faut les vider mais gare au déshonneur si on glisse sous la table. Le repas dure des heures. On est dans une fusion des cultures française et russe !


Quelques mots indispensables qui émerveilleront les Géorgiens que vous croiserez :
- Gamardjobat (bonjour)
- Madlopt (merci)
- Narvamdis (au revoir)

Quand on parle du tamada, on revient au vin. Et beaucoup de familles géorgiennes ont leur arpent de vigne et ses jarres. Donc rien d'étonnant à ce que dans les monastères, les moines aussi s'occupent de vignes. Ça leur plaisait bien en France, au moines, alors ! Dans l'Académie d'Ikalto, on trouve une magnifique église et un fouloir en pierre du XIème siècle ainsi qu'une grande quantité de jarres dont une série de grande taille encore enterrées jusqu'au col. Elles sont présentées comme des reliques, sans la terre qui les recouvre normalement pendant le vieillissement du vin ni avec le bouchon de liège qui doit les fermer.
Dans le monastère d'Alaverdi, les moines ont, encore de nos jours, une grande cave et l'on peut voir toutes sortes de jarres à l'extérieur dont une grande qui fait plusieurs centaines de litres. Ils ont aussi des ruches et vendent leur production. Le plus étonnant est leur pollen ; une fois dans la bouche, il me transporte dans les silos à blés juste après la moisson. L'odeur des grains jusqu'à la sensation de les sentir couler entre les doigts. Le bonheur. Je n'ai jamais mangé de pollen enfant, ça n'a rien à voir avec la madeleine de Proust ; c'est plutôt la mémoire des sens. Tout aussi fantastique.
La voiture encore. Pas moyen d'y échapper si l'on veut voir un certain nombre de monuments. Et puis ça tourne, c'est vallonné. Les montagnes ne s'arrêtent pas à la barrière de l'Atlas. J'ai fait l'erreur de ne pas regarder de carte détaillée avec le relief avant de partir et je n'ai pas pris de "mer calme" alors que nous en avons plusieurs boites à la maison. Heureusement les enfants grandissent, ils n'ont pas été malades. Ouf. Mais pourquoi s'arrête-t-on ici ? Nous sommes dans les bois. Il y a un homme derrière une petite barrière et l'on devine derrière lui un chemin qui grimpe. Un beau chien, dzarhli en géorgienblanc à long poils vient nous dire bonjour. Pas d'aboiement, jamais pendant notre séjour. Tant mieux, j'ai horreur des gueulards. Pas farouche, il se met sur le dos et attend les caresses en remuant la queue. En contrebas de la route, totalement invisible depuis la voiture, il y a de grandes baies vitrées et l'accueil pour les touristes. Le bâtiment est littéralement sous la route. Je me demande bien ce qu'il peut faire là, au pied de ce sous-bois. En tout état de cause, on ne peut pas dire qu'ils aient saccagé le panorama ; l'accès à ce qui va s’avérer être une ville-forteresse du IIIème siècle est bien camouflé. 
Nous montons donc le chemin, à pieds, après que la guide se soit acquittée des formalités. Ça fait du bien de marcher, de se défouler, de respirer le grand air. J'arrive au sommet ; attention au câble électrique au pied de la grande tour à moitié écroulée ! Non seulement je ne voyais rien depuis le bas à cause des arbres mais en plus, la haut, il y a 2 hommes dont un qui est assis et qui lit des prières à haute voix, au pied d'une croix dressée. Entre les murs des ruines, nous voyons les montagnes environnantes. Le site est grand. J'aperçois un muret en contrebas et un peu plus loin, se dresse une petite église encore entretenue, avec des icônes et quelques cierges allumés comme dans tous les lieux saint orthodoxes. Ce site est surréaliste. Il y a un semblant d'habitation privée creusée sous un murs en très mauvais état. L'herbe est verte. Le drapeau géorgien blanc à croix rouges flotte en haut d'un mat immense. Une cloche est suspendue au milieu de ce qui ressemble à une petite place. Des pièces de monnaie de Perse du Vème siècle ont été découvertes sur ce site. Non, moi je n'en ai pas trouvé.  Le roi Vakhtang et son fils y ont habité (vous vous souvenez ? Je vous ai parlé de lui dans l'article sur Tbilissi).

Un peu plus loin, un autre jour peut-être (vous retrouverez toutes les photos dans l'ordre chronologique dans l'album Géorgie)
La route serpente dans la forêt, il faut toujours monter pour aller chercher un nouveau monastère, une nouvelle église. Nous arrivons sur le site de Dzevli Chouamta. A cet endroit il y a 3 églises, les unes sur les autres, construites à un siècle d'intervalle, du V au VIIème siècle. L'endroit est paisible. Un troupeau de moutons avec son berger passe. Nous sommes hors du temps et c'est bien agréable.



Les églises géorgiennes, quel que soit leur âge, sont très différentes d'extérieur de leurs homologues russes. Elles sont en pierre brute, sans aucun bulbes et les croix ne sont composées que de deux axes. Les cloches sont dans un petit édifice extérieur comme dans les autres églises orthodoxes que j'ai pu voir. Donc pas de cloche en haut de l'édifice principal comme dans les églises catholiques. Le clocher est rarement très haut mais cela peut arriver comme dans le kremlin de Moscou où il domine tous les bulbes de l'ensemble des églises du site. 
D'extérieur, les églises orthodoxes géorgiennes ressemblent donc davantage à des églises catholiques qu'à des églises russes ; elles sont pourtant orthodoxes. L'intérieur est riche et coloré, des icônes sont contre les murs et des cierges brûlent à proximité, les faisant luire d'une lumière vivante. L'iconostase peut être en pierre ce qu'on ne voit pas à Moscou et une siège trône (c'est bien le terme approprié car rien ne ressemble moins à ce siège qu'un trône) au milieu de l'église. Il est strictement réservé au patriarche. On en oublie sinon que les orthodoxes ni ne s'assoient ni ne s'agenouillent pendant les messes qui durent des heures.

A suivre.




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