vendredi 28 août 2015

Petrozavodsk

Lundi 10 août, nous sommes dans le train pour Petrozavodsk. Train couchette depuis Moscou. Douze heures de route, de voie plus exactement. Pour 1340 kilomètres, ce n’est pas une vitesse de folie. Par contre chaleur de bête dans le wagon. Il faut attendre que le convoi se mette en branle pour que la climatisation s’active. Nous quittons une ville en pleine saison estivale, chaude.
Couchette de seconde classe (il existe une première et une troisième classe), 4 tcheloviek ou человек par compartiment. Les lits sont faits, ce qui n’est pas toujours le cas. Un petit casse-croûte, un gâteau, un yaourt et une boisson attendent chaque passager sur la petite table centrale, contre la fenêtre. Les 4 filles sont ensemble. A coté, nous ne sommes que 3. Je suis avec un couple russe qui profite que le 26, mon numéro de place, soit en hauteur pour s’installer tous les deux sous ma couchette. Même dans le miroir qui recouvre une grande partie de l’intérieur de la porte, je ne vois rien. C’est pas drôle. Communication au niveau zéro. Je suis donc face à 2 couchettes vides et je peux commencer tranquillement à prendre quelques notes.
Arrivée à Petrozavodsk, dépose des bagages à l'hôtel et tour de la ville avec Pauline, une guide francophone qui nous a accueillis sur le quai, royal ! Cette ville a été créée par Pierre le Grand en 1703 en même temps que Saint-Pétersbourg. Elle se développe initialement autour d’usines d'armement (Petro-zavod ou завод, l’usine) car la région renferme beaucoup de minerai de fer et la ville est traversée par une rivière avec beaucoup de courant. La ville est au bord du lac Onega. C’est la capitale de la République de Carélie.
Une immense place, quelques parcs. Une avenue principale de la gare au lac, au nom de Lénine. Rien d’extraordinaire si ce n’est ce sentiment de quitter une capitale au rythme effréné (Moscou) et d’arriver dans une Russie sans artifice et plus proche de ce que vit la majorité des citoyens de cette immense fédération. On a failli manger du rêne, de l’ours mais ce n’était pas la saison. Pas de gibier. Mais j’adore le poisson, tout va bien. La spectaculaire sculpture de pêcheurs en barres de fer sur le quai est américaine mais j’aime beaucoup aussi celle en bois représentant un personnage aux airs de Christ juché sur les épaules d’un autre et brandissant le soleil à bout de bras, comme un totem ; on sent les croyances tournées vers les éléments qui régissent la vie en symbiose avec la nature. Nous arrivons dans le grand nord !
Le lac Onega est le deuxième plus grand lac d’Europe après le lac Ladoga, tous deux aux nord-est de Saint-Pétersbourg. Mais quand on zoom sur la carte de Carélie, ce n’est pas tant la taille des lacs qui impressionne mais leur quantité : 60000 lacs pour 27000 rivières ! L’ensemble est au milieu de la forêt. Le sol est très humide et par endroit marécageux. Il y a des baies, des champignons et du poisson à foison.
Nous prenons le bateau pour l’île de Kiji, célèbre pour son église à bulbes en bois et son clocher octogonal. A partir de maintenant et plus au nord, tout est en bois de toutes façons. Bon d’accord, on utilise de la pierre quand il y en a ; et quand la terre s’y prête on fait aussi des briques mais pas là !
Cette architecture est préservée, restaurée et placée dans un cadre exceptionnel classé patrimoine mondial de l’Unesco. Ont été regroupées plusieurs constructions du XIV au XVIIème siècle dans ce musée ou parc ethnographique à ciel ouvert. Les maisons en bois se visitent, sont meublées de manière traditionnelle et on peut également observer des artisans ou paysans qui continuent de travailler avec les méthodes d’antan. Cette île se trouve à une heure d'hydroglisseur de Petrozavodsk.
Le plus étrange quand nous arrivons est que nous voyons le toit de l'église principale voler au dessus du corps du bâtiment. La restauration explique cet effet d'optique : une structure métallique a été temporairement fixée à l'intérieur de l'édifice et les poutres sont enlevées une à une pour être restaurées et être replacées rigoureusement au même emplacement. Dix pour-cent seront remplacés.
Le soleil est avec nous, chose exceptionnelle nous dira Natalia, qui nous présente avec beaucoup d'humour et dans un très bon français ce site ; "Ici, il y a 9 mois d'hiver et trois mois pendant lesquels nous attendons l'été. Les loups peuvent traverser le lac quand il est gelé. L'hiver dernier, ils ont tués plusieurs chiens sur l'île.".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire