A gauche à quelques pas, la montagne est enneigée. On a bien grimpé. Le ciel est couvert maintenant, le vent plus froid. Nous passons le col. Aussitôt, nous prenons de pleine face un orage de grêle. Les grêlons sont tout petits, cinglants, le vent puissant. Nous sommes littéralement paralysés. Les chevaux n'avancent plus. Les palefreniers viennent nous dire qu'il faut absolument descendre de cheval. Sauf que nous sommes à peine capable de le faire seul. Nous sommes rapidement trempés, glacés. J'avais sur moi mes habits de pluie mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Je range l'appareil photo ; il est bien mouillé mais j'aurai la preuve que c'est du bon matériel, aucune conséquence fâcheuse ne sera à déplorer. On entend le tonnerre mais il n'est pas très proche. La plus jeune d'entre nous a peur et pleure. Le mauvais temps va durer un peu, il faut bouger pour nous réchauffer. Les chevaux sont finalement attachés les uns derrière les autres, nous finissons par tous avoir sur nous nos habits de pluie et nous commençons à descendre. Je cours pour me réchauffer. En descendant, la pluie cesse. Je retire mes gants de cuir et les essore. J'ai les mains gelées. Le froid est si soudain et intense que j'aurai à plusieurs reprises pendant quelques jours des douleurs et des paralysies dans la main gauche au moment de tourner le zoom de l'appareil photo.
La montagne est belle, le brouillard, l'humidité, le ciré vert du palefrenier, j'adore ! Je suis ravi de l'expérience mais ce n'est pas le moment que je le dise, je dois être le seul. Je ne sais pas combien de temps à duré l'épisode, peut-être 30 minutes, une heure ? Il va en falloir beaucoup plus pour que l'on soit sec par contre. Je ressors le reflex avant que l'on ne remonte sur les chevaux. C'est bientôt l'heure du pique-nique. Tout est humide, personne n'a envie de s'arrêter d'autant plus que l'on n'est plus très loin du camps de yourtes où l'on doit passer la nuit. A cheval, en avant ! On mangera plus tard. Les torrents sont ravis, ils dévalent la pente. Un troupeau de yacks sur notre gauche, accroché à la montagne. Et déjà dans le fond de la vallée, après avoir dépassé sur notre droite une ferme solitaire, nous voyons quelques yourtes, deux cabanes et un mur en pisé. Une fumée. L'image de la soupe sur le feu, d'un intérieur chaud suffit à notre bonheur.

Une fois propre et réchauffé, nous partons visiter. Et oui, il y a un site historique un peu plus loin, que j'ai aperçu à cheval au pied d'une montagne enneigée. Il y a un caravansérail, le caravansérail de Tach-Rabat, du XVème siècle. Nous sommes sur la route de la Chine, au nord de la chaîne du Pamir. Le caravansérail accueillait les marchands avec leurs animaux, chevaux ou chameaux chargés de marchandises. Aujourd'hui ce grand bâtiment en pierres sèches à l'allure de forteresse est abandonné. Mais il est plaisant d'imaginer de l'agitation, des cris, des odeurs, de la vie entre ces montagnes austères et arides. C'est ici que nous laissons nous aussi nos bêtes pour reprendre la route, pas encore goudronnée, en automobile. Un dernier troupeau de yacks traverse devant nous pour franchir ensuite un torrent et repartir sur l'autre versant.
Notre route, très accidentée, est encore longue - puisque nous allons faire le tour d'un des plus grands lac d'altitude du monde - et elle nous réserve encore bien des surprises.
(à suivre)
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