jeudi 8 septembre 2016

Dernière rentrée

L'été s'achève. Le Japon n'a pas été au rendez-vous, cas de force majeure. Ça commence fort avec l'assurance annulation du vol, la célèbre Europe Assistance tout de même, qui sans aucune gène aucune, m'annonce que le fait de résider en Russie m'exclu des cas de remboursement. Ne croyez pas bonnes gens, que l'assureur ait quelques remords d'avoir encaissé ma cotisation, non. J'avais, heureusement et par hasard, utilisé ma carte Visa française et non russe ce qui me permet de faire jouer l'assurance VISA associé à ce compte ; mais les semaines s'additionnent aux semaines sans retour des services concernés malgré les dossiers envoyés. Là, vous avez intérêt à être en forme et blindé car le système est sans pitié pour les faibles, personne n'est là pour verser une larme, seulement pour vous décourager de poursuivre votre demande de remboursement. Vous avez intérêt à aimer les serveurs vocaux et les renvois de services en services. 
Garance est installée en France, à l'université bac en poche. Les gros bagages convoyés pour l'occasion depuis Moscou m'ont dissuadé de me charger de mon appareil photo. Cela fait donc déjà deux mois que je n'ai pas appuyé sur le déclencheur.
Je reviens de Shérémétiévo avec l'aéroexpress après avoir raccompagné M. qui se retourne en France, visa en poche, pour un mois d'un repos bien mérité. Je n'ai même pas activé, dans mon wagon climatisé, la wifi gratuite. Le temps est déjà gris, il pleut, la température est descendue à 15 degrés. C'est vraiment l'esprit de Moscou, difficile à rendre par la photo sinon à empiler des clichés gris, des immensités de forêts, d'immeubles de hauteurs variables. Les plus hautes constructions se détachent dans le ciel. L'extérieure de la ville n'a rien à envier au centre-ville pour ce qui est des travaux. Des tours poussent, non pas comme des champignons, mais comme des bouleaux. On n'hésite plus maintenant sur le nombre d'étages. Des milliers de logements en perspective. Des cités sans âme mais ça n'arrête pas de grandir, de se densifier, jour et nuit. Pendant ce temps, le réseau de métro est rénové, prolongé.
La pluie.
Le froid à Moscou, ce n'est rien. Le sujet, c'est l'eau, j'en ai déjà parlé mais c'est tellement incroyable qu'il faut que je complète. Ce n'est pas photogénique et ça parait anecdotique en image. Donc il faut que j'essaye de vous le faire vivre autrement. Il vaut mieux en rire. C'est un peu à la Charlie Chaplin en fait. Toute cette immense capitale a le même souci. On peut voir sur internet des vidéos de voitures presque sous l'eau et des jeunes sportifs faire du ski nautique dans les rues. Cette été, la création est venue du granit. Le centre de Moscou se dote de trottoirs plus larges, il est même possible de casser ce qui a été fait l'année d'avant, ça n'a pas d'importance, c'est toujours plus clinquant, plus beau. Il faut le reconnaître, la ville s'embellit. Il y avait déjà eu beaucoup de travaux l'année passée. Et puis celle d'avant etc. La mairie met les moyens, des moyens incroyables. Bien sûr, certaines sociétés privées s'enrichissent mais c'est le cas dans tous les pays et c'est la base de notre économie libérale.
Donc cette année, sur les trottoirs refaits cet été, on peut voir des dalles de granit creusées, sur toute leur longueur, de plusieurs lignes d'un centimètre de profondeur. Un dalle rayée me direz-vous. Mais ça ne s'arrête pas là car plusieurs de ces dalles sont alignées à certains endroits, du mur jusqu'à la chaussée. En fait, non, pas jusqu'à la chaussée car les bordures de trottoirs en granit n'ont pas été prévues avec les rainures. Vous me direz, c'est joli comme ça. Oui, mais ces rainures sont placées sous les descentes d'eau pluviale, ou à côté parfois, c'est vrai ; alors soit les ouvriers avaient un délai vraiment trop court pour bien faire le travail, ou scier une nouvelle série de dalles leur cassait vraiment les pieds ou troisième hypothèse, la moins vraisemblable, un regard critique sur l'aberration de cette innovation les a autorisé à un clin d’œil aux passants observateurs. Car non seulement la rigole ne va pas jusqu'à la chaussée, mais sur la chaussée il n'y a aucune grille d'évacuation d'eau (ou alors beaucoup trop petite), et les rainures sont si disproportionnées par rapport aux quantités d'eau pouvant s'échapper du ciel que c'en est comique, dérisoire. Enfin, si la pente est bien orientée du mur vers la route, c'est tout simplement un accident car on ne calcule pas ce genre de chose.
Ça, c'était pour le coté trottoir et innovation. Ce qui est spectaculaire pour rester au niveau des pieds, ce sont les diamètres des évacuations d'eau raccordées aux gouttières. Alors là, les moscovites me disent stop ! Effectivement, excusez-moi, je n'aurais jamais mais jamais dû employer le verbe "raccorder" car ce mot est inconnu en russe (en tous cas du coté du BTP dans sa spécialisation gestion de l'eau). Sur les toits, un rebord en métal permet à l'eau de ne par tomber directement tout le long des façades ; cette gouttière n'est parfois qu'une petite partie du toit lui aussi métallique, petite partie recourbée qui reste d'un diamètre inférieur à une gouttière industrielle fixée sous un toit. Cette gouttière, qui n'est donc pas toujours d'un format standard, se termine brutalement sans raccord avec un autre conduit. Pour canaliser l'eau jusqu'au sol, le tube vertical est coiffé d'une partie évasée comme un entonnoir. Et comme rien n'est standardisé ou encastré ou fixé, il y a autant d'eau qui coule par ce tuyau qu'à coté. 
Souvent aussi, pour couronner le tout si je puis dire, la base du tuyau d'écoulement est arrachée ou cassée et l'eau gicle comme une douche à un ou deux mètres du sol. On finit par ne plus y faire attention. Enfin pas moi. Ce n'est pas seulement un poème qu'il faudrait écrire mais bien un livre entier. Pour l'instant, je n'ai pas eu le courage me me faire rincer spécifiquement pour rapporter les illustrations ou photographies adéquates. Et c'est surtout spectaculaire quand la pluie est violente, c'est à dire régulièrement. Mais qui sait, cette année étant ma dernière année à Moscou, peut-être est-ce que je vais un peu plus me mouiller...

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