dimanche 11 décembre 2016

Cours d'immeubles en hiver

Cette année, la neige était là si tôt, que nous avons pu skier en novembre, sur les feuilles mortes qui tombaient encore. Quelques-uns ont déjà aussi enfilé les patins à glace, les grandes patinoires d'hiver installées dans les parcs sont ouvertes.
Et certains jours le temps est très froid et lumineux, d'autres jours il est moins froid et plus gris. Toutes les lumières multicolores de la villes sont mises en valeur par le tapis blanc de neige. Et la nuit, quand on s'enfonce dans les cours des immeubles, à l'abri des intrépides automobilistes et de leurs bruyantes machina (la voiture en russe : машина), on est dans une autre ville, un autre Moscou, tout à fait invisible aux touristes. Les immeubles sont souvent assez longs et s'assemblent pour former des cours intérieures. Ces cours ne sont pas privées et sont très utilisées par les piétons comme raccourci car elles sont très souvent ouvertes de 2 côtés. Encore aujourd'hui, après plus de trois ans à vivre dans cette ville - sans en être lassé -, pour aller aux endroits habituels, je suis mes pieds plus que je ne les guide, sans me poser de question. Mais, stop ! Trois personnes qui ne sont pas ensemble, viennent de sortir de cette cour et continuent à marcher tête baissée, les unes derrières les autres. C'est un passage. J'y vais. La plupart du temps, une large grille empêche les voitures de rentrer et une plus étroite est réservée aux piétons. Si elle n'est pas ouverte, il suffit de la pousser. Rares sont celles qui sont verrouillées et dont l'usage est réservé aux seuls habitants.
Pour contrôler l'accès des voitures dans les cours qui desservent des bureaux, il y a parfois un gardien. Les piétons ne sont pas contrôlés mais l'uniforme jouant son rôle dissuasif, il y a de nombreuses cours où je n'ai pas osé m'aventurer avant de longs mois. On peut trouver dans une cour, un café ou un artisan qui répare ceci ou cela - et parfois les deux - (les magasins de "rimonte", ремонт en russe). Il peut bien sûr n'y avoir que des habitations, des bureaux sans intérêts pour le passant. Mais s'il y a un restaurant, vous n'êtes pas sûr de le voir. Même si vous êtes russe. Et si vous savez qu'il y est, que vous l'avez lu dans un guide touristique car en plus ce restaurant est connu, vous n'êtes pas sûr non plus de le trouver. Moi qui suis très cartésien, je reste très sceptique quand j'entends ce genre de chose. Donc c'était intéressant que cette histoire me soit justement arrivée. Je voulais y emmener des amis et comme j'étais passé au moins cinquante fois à cet endroit, je me disais naïvement qu'il suffirait de faire le tour de la cour calmement, plusieurs fois si nécessaire, et que je trouverais forcément une porte avec le nom du restaurant, ou simplement le mot restaurant (ресторан). Que nenni. J'ai dû allé voir 2 commerçants (un en sous-sol, l'autre au rez-de-chaussée) pour que le second me conduise lui-même devant la porte. Je n'étais pas très fier. La porte était sombre, dans un renfoncement, dans l'ombre. Aucune inscription sur la porte. Le nom du restaurant était dessiné sur un mur perpendiculaire que l'on ne voyait que quand on allait jusqu'à la porte. Bien sûr le restaurant n'a pas de fenêtre, il est en sous-sol, comme la plupart des boutiques dans les cours. Ce sont souvent des demi-sous-sol donc il peut y avoir des fenêtres basses mais qui ne laissent rien paraître de l'extérieur. Ces mystères associés à cette lumière colorée et mystérieuse ont un coté tarkovskien, non ?



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