mardi 7 février 2017

Piscine en plein air

Quand il fait près de 10 degrés sous zéro, on n'envisage pas vraiment de se mettre dehors en maillot de bain. Ou alors c'est au sortir de la bania (ou sauna selon les pays) et le plaisir est alors immense tellement le corps est en feu. J'exclu les Russes qui plongent dans l'eau glacée pour garder la santé - ils sont entraînés en quelque sorte depuis leur plus jeune âge à cette forme d'endurance car les mamans, quand elle ne peuvent promener leur enfant l'hiver, placent le landau sur le balcon, avec l'enfant couché à l'intérieur évidemment.
Mais à Moscou en particulier, il y a des piscines à ciel ouvert, chauffées suffisamment en période de grand froid, que se dégage un nuage de vapeur au dessus des bassins. Et je voulais vraiment voir ça. Mais le plus étonnant n'est pas ce que l'on croit car on est tout de même en Russie. Je ne suis pas encore dans l'eau !
J'étais déjà allé à la piscine Olympinski (une piscine olympique bien sûr mais couverte celle-là) donc je savais que la règle était d'avoir son passeport et un certificat médical. C'est parti. On descend au métro Parc Koultouri et on se dirige vers la piscine Tchaïka. Entrée au milieu du bâtiment, impossible de la louper. C'est déjà ça. Pour ceux qui prendraient le train en marche, sachez qu'il y a certaines adresses à Moscou que je n'ai jamais trouvé ; où plus exactement, je n'ai pas trouvé le magasin localisé à tel emplacement car les numéros correspondent parfois à des bâtiments importants avec des cours, des portes non signalées etc. J'aperçois la vapeur au dessus du mur de plusieurs mètres, waou !
Une fois à l'intérieur, 5 guichets différents, une porte en verre à droite, et des tourniquets en face pour aller à l'étape suivante quand on a passé les premiers obstacles. A gauche, c'est le vestiaire, facile à reconnaître donc nous laissons notre manteau. Partout, en Russie, on trouve des vestiaires gratuits, c'est vraiment très pratique. Ne sachant, des 7 autres personnes que je vois, choisir à laquelle m'adresser, je vais voir un monsieur qui se trouve sous un panneau avec une flèche dirigé vers lui. C'était bien le dernier à aller voir, c'est l'agent de service qui surveille les tourniquets ! Alors la caisse - Kassa - c'est à l'autre bout. Ah, je dois m'enregistrer d'abord ? Madame peut-être ? Oui, c'est la première fois. Alors je vais vers les autres dames au guichet plus loin ? S'il y a bien un intérêt d'être étranger parfois en Russie, c'est que dans des situations ubuesques comme celle-ci, vous arrivez à décrocher à votre interlocutrice un petit sourire. Elle doit certainement penser "le pauvre" mais au moins, on ne se fait pas crier dessus car c'est la réaction courante quand on ne respecte pas une procédure. 
Alors voilà mon passeport et mon certificat médical. Votre adresse ? tap tap tap clic clic glang. Je vais vous prendre en photo, regardez-moi : clic ! Quelle formule je désire ? Abonnement, la journée, 2 heures ? Je n'en sais rien moi, je voudrais juste aller à la piscine maintenant. Formule de deux heures, ok. Je nage en général une demi-heure donc c'est parfait. Les informations sont saisies sur l'ordinateur, un dossier de 3 pages est enfin imprimé en double exemplaires. Je n'ai pas besoin de signer celui que je garde mais sur l'autre, je dois tout de même y apposer 5 signatures. Heureusement que ce n'était pas à moi de prévoir une photo d'identité car j'aurais dû faire demi-tour. Alors je retourne au fond vers la caisse avec mon justificatif, une autre feuille A4 pour le paiement. Je donne un billet de mille roubles et j'ai droit à un ticket de caisse en retour. Je présente mon ticket à la demoiselle qui m'a vu faire les aller-retour devant elles et elle me donne une petite clé accrochée à un bracelet en plastique. Ah, ça ressemble à ce que je connais, nous sommes bien à la piscine !
Mais M. qui m'accompagne (à moins que ce ne soit l'inverse) est toujours avec la dame qui enregistre les dossiers (elles sont deux, elle n'a pas la même que moi) et cette dernière lui explique qu'il faut, après avoir payé, aller voir le médecin qui est en bas, après les tourniquets. Car c'est la première fois que l'on vient : on ne va pas voir le médecin quand on est malade, on va le voir à l'inscription alors que l'on a un certificat médical. On ne discute pas. Moi, j'ai déjà mon bracelet magnétique et mes deux heures sont en train de courir. Heureusement, la jeune femme derrière son guichet a tout compris, elle me reprend mon bracelet, le désactive et le range dans son compartiment. J'en aurai un quand le médecin aura donné son accord. Il y a quand même un bug dans la procédure : j'ai eu un bracelet alors que je n'avais pas vu le médecin du centre sportif. Alors, nous nous dirigeons vers le cabinet du docteur. Il faut passer les tourniquets et nous n'avons pas de badge ni de bracelet magnétique. Heureusement je connais le gardien des tourniquets. Coucou c'est nous ! Il nous fait passer. Nous descendons un premier escalier, à gauche, direction le vestiaire des femmes car c'est aussi là que qu'opère le toubib. Il y a une queue de quatre personnes devant la porte, nous patientons debout dans le couloir. 
A mon tour. J'ai dû attendre un quart d'heure. Je rentre dans une pièce meublée de deux bureaux. Une porte sur la droite est ouverte vers un autre espace. Derrière le premier bureau, un homme en blouse blanche est assis. Devant lui un ordinateur et des feuilles dont les coins sont pliés par ses avant-bras appuyés sur le rebord de la table. Je lui donne mon certificat médical. Derrière son dos, il y a un lit recouvert d'un papier blanc afin d'y faire allonger un patient. En dessous, une petite cuvette. Il pianote sur son clavier cinq minutes puis il me rend mon papier, c'est terminé. Nous n'avons pas échangé un seul mot. Vous ne mettez pas un tampon ou quelque chose pour prouver mon passage ? C'est dans l'ordinateur. Ok, spaciba.
Nous remontons l'escalier. Toujours pas de badge. Vous pouvez nous débloquer le tourniquet ? Je donne mon ticket de caisse, une des dames contrôle que le médecin a donné son aval et on me redonne un bracelet après l'avoir activé. Miracle, je peux cette fois actionner le tourniquet seul. Je descends l'escalier, par la droite cette fois, pour rejoindre le vestiaire homme. Avant de l'emprunter, je passe devant le café du centre, installé derrière une baie vitrée qui donne sur le grand bassin. La vue est belle, l'eau est bleue, le soleil - toujours bas à cette saison - n'en brille pas moins même si les murs projettent leur ombre sur la surface aqueuse. Les têtes des nageurs se détachent par moment des nuages de vapeurs. Au dessus du couloir que je finis par emprunter, il y a six destinations précisées. Je me demande ce que je vais trouver car tout est écrit en russe et mes lacunes linguistiques sont toujours abyssales. Deux portes en bois sur le côté m'ont l'air réservées au personnel et en face, après un virage, j'arrive sur une porte vitrée. Je la pousse et trouve une poubelle avec des petits chaussons bleus à enfiler sur les chaussures puis je descends quelques marches et me voilà devant des bancs et des casiers rouges. Ils ont tous un numéro donc il suffit que je trouve le 272 qui est inscrit sur mon bracelet. Hop, en maillot, bonnet et tongs. Je prends un sac avec ma serviette et mon téléphone. Je n'ai pas pris mon appareil photo car j'avais peur qu'on ne me laisse pas rentrer avec (on ne sait jamais, les réglementations des espaces publics en Russie sont parfois radicales). A Olympinski, ils fouillaient les sacs. Ici non, pas de portique de sécurité. Je pousse une autre porte vitrée et je suis dans les douches. Il y a des crochets avec des sacs suspendus. Je prends ma douche et mon sac et cherche l'accès au bassin.
Une porte blanche, fermée. Une porte à gauche, en verre, donne sur l'extérieur. Comme si je ne savais pas quelle température il fait, je pousse la porte. Un vent glacial m'accueille. Non, je crois que je vais trouver un autre chemin. Je retourne vers les casiers. Non, il n'y a pas d'autre accès. Je repasse devant les douches. Sur ma gauche, un petit escalier de 4 ou 5 marches donne sur un pédiluve en hauteur. Le plafond n'est pas haut donc il faut se baisser. Je n'y prête pas attention, cela ne fait pas partie des éléments connus que je cherche : une sortie ! Il n'y a presque personne dans les douches mais il y a plusieurs sacs accrochés et une série de tongs au pied du petit escalier. Ça doit être ça : le pédiluve se termine par un mur de brique de verres qui va jusqu'au niveau de l'eau donc on ne sent pas l'air du dehors mais en plongeant sous l'eau on peut gagner le fameux bassin. Je remets mon téléphone dans le casier et j'y vais. Pour les photos, on verra plus tard. J'aurais aimé voir quelqu'un emprunter ce curieux passage tout de même. Alors je plonge, l'eau est chaude, j'ai pied mais il vaut mieux rester allongé pour ne pas sentir le froid. Je suis dans le bassin de 50 mètres, les nageurs semblent bien répartis dans les différents couloirs et avec la vapeur, on a l'impression d'être tout seul. Géniale ma piscine ! J'aperçois un petit bassin plus loin (mais il faut sortir de l'eau) et un certain nombre de courageux l'on déjà regagné, pas la peine alors de se donner cette peine. Elle est bonne, vraiment : 30° ! Vous venez ?

1 commentaire:

Unknown a dit…

Encore heureux qu'elle soit bonne la piscine !!! Faut être tenace, patient et avoir la foi pour y rentrer !!! Tu m'as fait bien rire, Christophe !

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