samedi 15 avril 2017

D'Altoufievo à Piatnitskoyé chaussée


Souvenez-vous en février 2016, j'avais pris la décision d'aller voir au bout des lignes de métro de Moscou si le monde était différent. J'avais vu des choses étranges sur les lignes orange et rouge. Cette année 2017 - les mois ont filés les uns derrière les autres sans que je puisse poursuivre en 2016 cette quête -, au mois de février, sous la neige, j'ai suivi jusqu'à son terminus la ligne grise, grise de cette neige sale, fondue puis heureusement recouverte par de nouveaux flocons immaculés.

J'ai pris mes skis pour continuer l'assaut du grand nord. Ça commence par des barres d'immeubles et là, il faut bien reconnaître qu'il est nécessaire de parcourir des kilomètres et de laisser passer les heures pour avoir le déclic, l'image qui vous frappe la rétine à vous faire lâcher les bâtons pour vous emparer du reflex. Pas besoin d'enlever les gants pour utiliser le D800 ou le D810. J'avoue que c'est un peu un caprice de star d'avoir fait +10 sur le modèle Nikon car cette fois, j'ai craqué pour un appareil neuf. Et le hasard fait que je viens de céder le 800 à des mains connues qui me permettront de suivre sa nouvelle vie. Enfin bref, derrière les derniers immeubles, je trouve un lac, ou plutôt un étang, qui était recommandé sur un site russe pour le ski de fond. Eh bien, ne faites pas le déplacement que pour ça car le site n'est pas très grand et surtout, aucune trace n'est faite pour le ski. 

Mais je suis seul cette fois alors peu importe, je fonce entre chemins, buissons, parterres. Voyant des empreintes sur la surface d'eau gelée, avec - au loin - une silhouette traversant, je me risque à glisser sur la surface plane. Je ne suis pas très fier, je l'avoue. Mais je me fais léger et surtout je ne tombe pas. On sait ce que peut faire un choc sur la glace quand bien même elle est suffisamment résistante pour supporter un certain poids. Et à l'autre bout, je croise un chemin, profondément tracé, qui semble être un raccourci entre 2 cités. Plusieurs personnes se succèdent sur cet itinéraire. Vision étonnante d'une femme avec des valises, au milieu de l'immensité blanche. J'en tire une seule photo tout en vous en montrant plusieurs. Je trouve intéressant de laisser sur l'image la trace des choix possibles de cadrage ou recadrage envisagés. Un peu comme ces planche contacts où l'on peut suivre l'histoire, une histoire, et où l'on voit, entourées en rouge, les clichés retenus par l'auteur.

En mars, c'est le bleu foncé qui a retenu toute mon attention. La ligne numéro 3. La neige avait presque entièrement fondu, le soleil brillait. On croyait le printemps arrivé. C'était mal connaître la Russie. Le froid est revenu avec quelques flocons, beaucoup de flocons. Encore aujourd'hui, le 14 avril, il gèle la nuit et la météo annonce des bourrasques de neige toute la semaine. Mais il faisait beau ce 15 mars. Une immense baie vitrée sépare l'entrée et la sortie du métro. Une fois sorti, je me trouve au pied d'un gigantesque pylône électrique. Ça me rappelle que dans le centre de la capitale russe, on ne trouve aucun poteau électrique, même petit. Les fils ne sont pas enfouis, non, ils passent d'un toit à l'autre !
Je pars à gauche direction la forêt. Je ne sais pas où je vais. Comme d'habitude. Je fais confiance à mon intuition, au hasard et surtout à ma capacité à marcher des heures durant. Sur ma gauche, un grand mur uni, délimitant le terrain et les locaux de l'entreprise ferroviaire. A ma droite, des maisons. Plus loin, l'entrée du lotissement, surveillée par un gardien. Je rentre, comme si de rien n'était. C'est superbe. J'ai l'impression d'être dans un village de montagne. Des tas de neige séparent encore les maisons. Quelques enfants s'amusent sous la surveillance d'un parent ou d'une nounou. Plusieurs rues devant moi. A l'extrémité d'une impasse, derrière une clôture, il y a un bois, un lac et on aperçoit au delà, sur la colline, le dessus d'immeubles. Mais la grille m'empêche d'aller rejoindre la nature. Je suis bien dans une résidence privée. Mais si loin du rythme du centre-ville ! 
Je reprends la route et vais au-delà. Je me retrouve les pieds dans la terre gorgée d'eau, devant la construction de nouveaux quartiers. De nouveaux immeubles se dressent devant des maisons dont certaines sont anciennes, entièrement en bois. De grosses églises orthodoxes sont déjà bien implantées. On peut en voir une, au centre, sur la photo ci-dessous. Je reviens sur mes pas, marche dans la neige pour nettoyer mes chaussures et contourne les maisons pour plonger dans la forêt et rejoindre le métro, pas mécontent d'avoir découvert une nouvelle ville dans la ville. A Moscou.

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