dimanche 27 août 2017

Kamtchatka part 4, l'ascension

Le guide nous avait proposé trois options. Soit nous grimpons comme prévu en espérant une éclaircie plus haut, soit nous attendons que ça se dégage, soit on retourne à Pétropavlovsk et on trouve une activité de remplacement. La majorité moins une voix opte pour la première option. Je me décide pour le grand angle, mon sac à dos est déjà assez lourd et je ne vais pas changer d’objectif par un temps pareil.
Un guide ouvre la marche, un autre la ferme. Parfait. Je pars devant pour faire des photos. Vania trace en ligne directe, face à la pente, malgré la neige. Nous avons 900 mètres de dénivelé jusqu’au sommet. Je me permets de faire de petits lacets en marchant pour moins me fatiguer et moins glisser. Pierre sent aussitôt que Vania a adopté une stratégie tout à fait incompatible avec la résistance physique de plusieurs femmes du groupe : il entreprend donc d’ouvrir une trace qui dessine de grandes boucles et, rapidement, elles sont quatre marcheuses à le suivre, dans ses pas. Sans lui – hommage lui soit rendu -, elles ne seraient pas montées si haut. Le vent souffle encore et le ciel se dégage par moment, nous laissant voir de beaux volcans. Petit à petit, alors que nous arrivons à mi-parcours, se dessine l’océan Pacifique. Iégor, qui parle anglais, nous explique que la pente va se raidir, la largeur de la voie se rétrécir et que les grands virages ne seront plus possibles.
Il se propose de redescendre doucement avec ceux qui le désirent. Nous buvons un coup et la moitié du groupe se décide à le suivre. Pierre, Marc et moi, accompagnés des deux ados, poussons jusqu’au sommet avec Vania. Nous sommes dans un nuage : un crachin assez épais ne nous lâche plus. Nous remplissons nos gourdes à un mini torrent et nous arrivons au cratère du volcan. Nous ne voyons pas plus d’un côté que de l’autre. Nous restons groupés pour ne pas nous perdre de vue. Vania pour propose de poursuivre sur la crête. Nous descendons sur un petit plateau, dans le cratère, légèrement en contrebas. Il ne pleut plus, nous faisons une pause avant de rebrousser chemin. De l’eau et trois tablettes de chocolat sont aussitôt avalées. Natalia et Sourire (traduction de Michiyé, prénom yakoute) sont restées au campement pour cuisiner et un petit repas nous attend dans le camion. Rien ne nous a été distribué en fruit sec ou autre barre énergétique. Le petit-déj est loin, entre cinq et six heures maintenant. Ce n'est ni pro ni raisonnable, j'ai fais confiance à l'encadrement, je n'aurais pas dû.

Nous reprenons la crête du cratère pour emprunter le même itinéraire en descente. Pas de pluie. Du vent. Le miracle se produit, une éclaircie apparaît. Se dégage alors des volcans à perte de vue. Et par delà la chaîne volcanique, l’océan Pacifique. C’est d’autant plus grandiose que c’était une purée de pois quelques minutes plus tôt et que, déjà, d’autres nuages se précipitent. Allez, on redescend… Mais attendez, venez voir nous crie Marc, resté quelques mètres en arrière ! Le cratère, qui n’était qu’un immense nuage gris, s’éclaircit et dévoile sa profondeur ainsi qu’un petit lac. Beau spectacle bien mérité ! Nous ne sommes donc pas montés simplement pour le plaisir de l’effort et du défi. La première partie est très pentue, la terre caillouteuse, et mon genoux droit est douloureux à chaque flexion, m’obligeant à claudiquer. Je connaissais le risque. Ensuite, la descente dans la neige, moins pentue, se fait en douceur. Le pied s’enfonce de plusieurs centimètres, créant un effet d’amortisseur. Je n’ai plus mal. Mais j’ai bien reçu l’avertissement. Dès que je peux, je me laisse glisser sur les fesses ou sur mon sac à dos. Il faut rester prudent et contrôler sa vitesse car des ilots de pierres volcaniques noires sont visibles, régulièrement je dois freiner jambes tendues. Nous mettons cinq fois moins de temps pour rejoindre le Kamaz qu’il n’en a fallu pour atteindre le sommet. Dernière glissade, je m’immobilise devant une partie rocheuse et m’appuie sur mes bâtons pour me relever, dans un enchaînement parfait. Mauvaise idée. Celui de gauche se plie aussitôt à angle droit. Je n’ai pas d’autre option que de le redresser et il se casse. C’est la limite des bâtons télescopiques ! Il est 16 heures. 

Arrivé au véhicule, je dévore la salade dans le plat commun. Ils ont oublié les assiettes. Ça n’a aucune importance pour moi. Un peu de saumon fumé, un blini pour conclure, une vaisselle succincte dans l’eau qui ruisselle tout autour de nous. La première partie du groupe a fini de manger depuis un moment déjà, mais sans salade composée car ils ne trouvaient pas les fourchettes ! Nous reprenons la direction du campement où les cuisinières nous préparent le repas. Dix-sept heures et il nous faut manger tout de suite – c’est le repas de midi – car nous avons encore quatre heures de route jusqu’à l’hôtel où nous devons passer la nuit. Evidemment je n’ai pas faim. Natalia n’arrive pas à comprendre ce qui ne nous plait pas dans sa cuisine. Et nous ferons encore annuler le dîner.


Bonne nouvelle : la météo sera au beau fixe demain, les hélicoptères pourront voler. Sortie prévue : la vallée des geysers. Nous demandons à partir en priorité au lac Kourile, voir les ours se repaître de saumons. Le temps de boire un verre et Sacha – le responsable - nous confirme que le changement a pu être opéré.

A suivre

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